Des détenus se mettent en grève dans les prisons américaines
Des détenus se mettent en grève dans les prisons américaines
Des prisonniers exigent « l’amélioration immédiate des conditions » de détention, « la fin de l’esclavage » et le droit de vote.
Ils réclament « la fin de l’esclavage en prison ». Un mouvement de protestation de prisonniers a démarré mardi 21 août et devait se prolonger jusqu’au 9 septembre dans les établissements pénitentiaires américains, à l’appel d’associations militant pour une amélioration de la vie des détenus. « Ils comprennent qu’ils sont traités comme des animaux (...) Les prisons américaines sont des zones de guerre (...) C’est, pour certains d’entre nous, comme si nous étions déjà morts. Qu’avons-nous donc à perdre? », dénonce dans un communiqué le collectif de détenus Jailhouse Lawyers Speak, à l’origine du mouvement.
Soutenu par plusieurs associations de défense des droits civiques, le collectif a établi une liste de dix demandes dont « l’amélioration immédiate des conditions » de détention, et le droit de vote pour l’ensemble des détenus.
Obligation de travailler pour un salaire dérisoire
De nombreux détenus américains sont contraints de travailler en prison — cuisine, ménage, tonte de la pelouse, etc. — pour des salaires dérisoires. Le 13e amendement de la Constitution des Etats-Unis a aboli l’esclavage, à une exception : « Comme châtiment d’un crime pour lequel la partie aura été dûment condamnée ».
Les détenus sont invités dans l’ensemble du pays à arrêter de travailler, à engager des grèves de la faim et à participer à des sit-in pacifiques. Leur mouvement est soutenu par l’ACLU, puissante organisation de défense des droits civiques, pour laquelle « les gens courageux qui attirent l’attention sur la politique d’incarcération de masse des Etats-Unis (...) méritent notre admiration ». « Nous demandons à l’administration pénitentiaire de ne pas répondre par des mesures de représailles », ajoute dans un communiqué Udi Ofer, directeur de la campagne de l’ACLU pour une justice équitable.
Les Etats-Unis ont le taux d’incarcération le plus élevé au monde : près de 2,2 millions de personnes y étaient derrière les barreaux à la fin de 2016, selon des chiffres du ministère de la justice.
Des détenus avaient déjà protesté de façon similaire en 2016 dans plusieurs prisons américaines, dont certaines avaient été placées en confinement à la suite de « troubles ».
Les dates choisies pour ce nouveau mouvement sont symboliques : le 21 août marque le 47e anniversaire de la mort du militant des Black Panthers George Jackson, tué par un surveillant de la prison d’Attica, où éclata le 9 septembre 1971 une mutinerie historique, matée quatre jours plus tard par une répression sanglante.