Le président ukrainien candidat à sa propre succession, Petro Porochenko, et le candidat arrivé en tête au premier tour, Volodymyr Zelensky. / SERGEI SUPINSKY / AFP

Emmanuel Macron recevra, vendredi 12 avril, les deux candidats arrivés en tête au premier tour de l’élection présidentielle ukrainienne, le 31 mars. Dans une démarche assez inhabituelle, le président français recevra à 15 heures le jeune et inexpérimenté comédien Volodymyr Zelensky, arrivé en tête (30,24 %), puis son concurrent, le président sortant Petro Porochenko (15,95 %).

Ces entretiens, à neuf jours du second tour, qui doit se tenir le 21 avril, ne sont pour autant « pas exceptionnels », indique l’Elysée, qui rappelle la réception à Paris, avant le scrutin législatif israélien, du candidat Yaïr Lapid. Le but est de « rappeler l’engagement de la France en Ukraine et sa volonté de voir l’Ukraine avancer », explique-t-on à la présidence. Paris, au même titre que Berlin est le parrain des accords de paix de Minsk sur le conflit dans le Donbass, appliqués de façon parcellaire. « Nous allons rappeler, au diapason avec Berlin, que l’Ukraine doit aussi faire des efforts ».

« Traitement différencié »

Il y a sans doute aussi, du côté français, de la curiosité pour le phénomène Zelensky. Ce nouveau venu sur la scène politique ukrainienne, qui se rêve en « Macron ukrainien », a balayé en quelques mois ses rivaux. Mais l’humoriste est resté assez vague sur ses intentions, y compris au sujet du conflit avec la Russie. S’il se dit opposé à tout accord qui « abandonnerait les territoires ou les populations » du Donbass, il fait une priorité de la conclusion d’un cessez-le-feu et entend réformer le format de négociation de Minsk en y incluant Washington et Londres, projet auquel Paris ne semble pas favorable.

Les deux candidats auront un « traitement différencié » : accueil avec la Garde républicaine pour M. Porochenko, plus informel pour M. Zelensky. Se croiseront-ils sur le sol français ? La question a son importance pour l’électorat ukrainien : après s’être défiés par vidéos interposées, les deux hommes ont décidé d’organiser un débat grandiose dans le Stade olympique de Kiev (70 000 places), mais ne parviennent pas à se mettre d’accord sur une date, ce qui laisse craindre une annulation.