Le président américain, Donald Trump, lors d’un meeting à New York, le 13 août 2018. / Carlos Barria / REUTERS

Le gouvernement de Pretoria s’est offusqué, jeudi 23 août, d’un tweet de Donald Trump s’inquiétant des « saisies de terres et de fermes » en Afrique du Sud, et a défendu l’approche « prudente et inclusive » de son projet controversé de réforme agraire.

Dans une de ses saillies électroniques quotidiennes, le président américain a écrit mercredi soir qu’il avait chargé son secrétaire d’Etat Mike Pompeo de se pencher sur le dossier de la terre et des meurtres de fermiers blancs en Afrique du Sud. « J’ai demandé au secrétaire d’Etat @SecPompeo d’étudier de près les saisies de terres et de fermes, les expropriations et les meurtres de grande ampleur de fermiers en Afrique du Sud », a écrit M. Trump sur son compte Twitter.

Le gouvernement sud-africain a promptement réagi jeudi au tweet de Donald Trump. « L’Afrique du Sud rejette totalement cette vision étroite qui ne vise qu’à diviser la nation et à nous rappeler notre passé colonial », a-t-il écrit sur son compte Twitter. « L’Afrique du Sud va accélérer le rythme de la réforme d’une façon prudente et inclusive qui ne divise pas la nation », a-t-il ajouté.

A l’approche des élections générales, en 2019, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a promis d’accélérer la réforme de la terre afin, selon lui, de « réparer l’injustice historique grave » commise à l’égard de la majorité noire pendant la période coloniale et l’apartheid, qui a officiellement pris fin en 1994.

Aujourd’hui, la minorité blanche, qui représente 8 % de la population d’Afrique du Sud, « possède 72 % des fermes », contre « 4 % seulement » pour les Noirs (80 % de la population), selon le gouvernement. Pour mettre fin à ces déséquilibres, M. Ramaphosa a notamment décidé d’exproprier des grands fermiers sans les dédommager, un projet qui nécessite selon lui d’amender la Constitution. De nombreux Noirs saluent cette mesure, mais les Blancs s’en inquiètent ouvertement.

Répercussions économiques

AfriForum, association de défense des intérêts afrikaners, s’est réjouie du tweet de Donald Trump et a affirmé y être pour quelque chose : « Je crois que notre lobbying a certainement eu un impact, car nous avons parlé avec beaucoup de gens qui sont en contact avec le président Trump et nous avons parlé avec plusieurs think tanks, dont l’Institut Cato, qui a pris une position très ferme juste avant cette déclaration du président Trump », a déclaré Ernst Roets, son président, au site News24.

Sur Twitter, l’ancien ministre de la police Fikile Mbalula a appelé à ce qu’AfriForum soit tenu responsable de cette « fausse propagande » ayant des « repercussions économiques ». D’après le média en ligne Eyewitness News, le rand a perdu 1,52 % face au dollar suite au tweet de Donald Trump.

La minorité blanche dénonce depuis des années les violences dont sont régulièrement victimes les agriculteurs dans les zones rurales du pays, une question très controversée. Très sensible, la question de la terre avait déjà suscité en mars une polémique diplomatique entre l’Afrique du Sud et l’Australie, dont le gouvernement avait offert d’accueillir les agriculteurs sud-africains blancs « persécutés » dans leur pays.