Une femme brandit un portrait de Karim Wade lors d’un rassemblement de l’opposition, à Dakar, en février 2015. / SEYLLOU / AFP

C’est loin de Dakar, depuis Doha, au Qatar, où il vit depuis qu’il a été gracié en 2016 par le président sénégalais Macky Sall, que Karim Wade est sorti de son silence, mercredi 22 août, pour se lancer, sans prendre de gants, dans la campagne pour la présidentielle de 2019.

Condamné en 2015 pour enrichissement illicite, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade a profité d’un message adressé aux croyants à l’occasion de la fête de la Tabaski pour attaquer violemment le chef de l’Etat sénégalais, qualifié de « beau parleur ignorant et incompétent ». Dans ce qu’il qualifie d’« ultime message », il promet au pouvoir « des lendemains électoraux difficiles, susceptibles de mettre en danger la stabilité du pays ».

Karim Wade a été investi par sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (PDS), pour la présidentielle de 2019. Une candidature virtuelle pour le moment. Outre son éloignement géographique, il ne remplit pas, à ce jour, les conditions pour se présenter. Une modification du Code électoral, en juin, oblige désormais les candidats à être préalablement inscrits sur les listes électorales. Or le ministère de l’intérieur a estimé que Karim Wade ne pouvait être inscrit suite à sa condamnation à six ans de prison ferme en 2015.

« Chaos économique, social et politique »

Dans sa lettre ouverte publiée sur Facebook, Karim Wade dénonce « le clan des juges aux ordres [du président] » et promet de rassembler « tous ceux qui refusent une justice aux ordres et les politiques budgétaires de l’incompétent Macky Sall, qui, tout en étant incapable de répondre aux besoins de base de son peuple (l’eau, l’électricité, la santé et l’éducation), trouve le moyen de creuser la dette et les déficits, conduisant ainsi inexorablement le Sénégal vers un chaos économique, un chaos social et un chaos politique ».

La popularité actuelle de Karim Wade, ministre honni par nombre de Sénégalais durant la présidence de son père (2000-2012), est difficilement mesurable, mais le PDS demeure une redoutable machine de guerre politique présente dans tout le pays. Le président sénégalais n’a d’ailleurs pas tardé à réagir aux attaques lancées de Doha. « Partir à l’étranger en dénonçant le président de la République, en ternissant l’image du pays, en pensant que cela va nous mettre hors de la voie empruntée, c’est une erreur », a déclaré Macky Sall en marge de la prière rituelle de la Tabaski, à laquelle il participait à la mosquée de l’Institut islamique de Dakar.