Allemagne : nouveau rassemblement de l’extrême droite après une « chasse » aux étrangers
Allemagne : nouveau rassemblement de l’extrême droite après une « chasse » aux étrangers
Près de 2 000 personnes se sont rassemblées. Cette manifestation intervient au lendemain d’une « chasse collective » aux immigrés dans la ville de Chemnitz.
Des sympathisants d’extrême droite rassemblés lundi 27 août, dans la soirée, à Chemnitz sous haute tension. / ODD ANDERSEN / AFP
Des milliers de sympathisants d’extrême droite se sont rassemblés lundi 27 août, dans la soirée, à Chemnitz sous haute tension. Cette manifestation intervient au lendemain d’une « chasse collective » aux immigrés dans cette ville de l’ex-RDA, dénoncée avec véhémence par Angela Merkel.
La police a refusé de fournir une estimation du nombre de manifestants, mais les télévisions sur place ont parlé d’au moins 2 000 personnes. La police de Saxe a fait état « de quelques personnes blessées » à la suite de « jets d’articles pyrotechniques et autres objets », de personnes au visage dissmulé et d’autres faisant le salut hitlérien. Mais elle a assuré que la situation était « sous contrôle ».
« Défendre l’Europe »
Dans cette cité de Saxe, région où l’extrême droite et les néo-nazis sont fortement implantés, les protestataires se sont retrouvés devant un immense buste de Karl Marx — Chemniz fut rebaptisée Karl-Marx-Stadt durant la période communiste — et sous une forte escorte policière après de violents incidents dimanche.
« Puisqu’un Brexit est possible, un Saxit doit l’être aussi ! » - À Chemnitz, sous la statue de Karl-Marx, un orate… https://t.co/tmjA69sbMt
— ThomasWieder (@Thomas Wieder)
Les forces de l’ordre, déployées en masse avec notamment des canons à eau, ont maintenu à distance un cortège de l’extrême gauche qui tentait de s’approcher du rassemblement d’extrême droite.
« Merkel doit partir », scandaient certains manifestants, arborant des drapeaux allemands, du parti d’extrême droite AfD, et des pancartes telles que : « Arrêter le flot de demandeurs d’asile » ou « Défendre l’Europe ! ».
A #Chemnitz, t-shirt « Rapefugees not welcome » - ou quand les réfugiés sont tout simplement assimilés à des violeu… https://t.co/6lz26J1n4J
— ThomasWieder (@Thomas Wieder)
Mot d’ordre de ce rassemblement organisé par le mouvement Pegida : exiger que le gouvernement allemand garantisse « la sécurité de ses citoyens » après le meurtre d’un Allemand de 35 ans vraisemblablement commis par deux jeunes étrangers, un Syrien et un Irakien.
« Abschieben ! Abschieben ! » (Expulsions ! Expulsions !), scandent ces manifestants - ils sont plusieurs milliers… https://t.co/ZklbyXRtMf
— ThomasWieder (@Thomas Wieder)
Appels sur les réseaux sociaux
Quelque 800 personnes, dont une cinquantaine prêtes à en découdre avec la police, s’étaient rassemblées dimanche à la suite d’appels en ce sens sur les réseaux sociaux, selon Sonja Penzel, qui dirige la police de la ville. Ces sympathisants d’extrême droite avaient « attaqué à coups de jets de bouteilles et de pierres » des policiers qui ont dû faire usage de gaz lacrymogènes, selon Mme Penzel.
Ils avaient également lancé dans les rues des « chasses collectives » contre des étrangers que la chancelière a dénoncées promptement. Ces événements « n’ont pas leur place dans notre Etat de droit », a affirmé son porte-parole, Steffen Seibert.
« Il est important pour le gouvernement, pour tous les élus démocrates et, je pense, pour une large majorité de la population de dire clairement que de tels attroupements illégaux et chasses collectives visant des gens d’apparence ou d’origine différente, ou encore les tentatives de semer la haine dans les rues, n’ont pas leur place dans notre pays. »
Tensions ravivées
Cette affaire a ravivé les tensions autour de la question migratoire en Allemagne, quasi permanentes depuis trois ans et l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile. En Saxe, qui ne compte que 4,4 % d’étrangers, la communauté turque a dénoncé « des tentatives de pogrom ».
Cette affaire survient dans un contexte politique tendu pour la chancelière Angela Merkel. Elle se voit régulièrement accusée par ses détracteurs et le président Donald Trump d’avoir contribué à la hausse de la criminalité en Allemagne en ouvrant les portes du pays aux migrants.