« 96 % des recherches “actualités Trump” sur Google renvoient vers des médias de gauche, c’est très dangereux […]. Il n’y a que des fake news, ils ont TRUQUÉ les résultats pour n’afficher que les MAUVAIS résultats. » Dans une série de tweets publiés mardi 28 août, Donald Trump s’en est pris directement au service d’actualités de Google, Google News, accusé par le président américain de « censurer » les sites conservateurs.

Les messages de Donald Trump semblent se fonder sur une « étude » publiée par le site conservateur PJ media, qui a procédé à ses propres mesures des sites apparaissant dans Google actualités aux Etats-Unis. Un classement qui souffre de très nombreux biais méthodologiques. Il étiquette ainsi comme site « de gauche » des agences d’information comme Reuters, peu suspecte d’être acquise à l’extrême gauche américaine. Il agglomère pêle-mêle comme médias des sites indépendants, des agences de presse, des télévisions et des quotidiens nationaux avec des blogs conspirationnistes comme celui d’Alex Jones — mais il ne comporte aucun média local. Enfin, la « mesure » par le site sur les « 100 premiers résultats dans Google actualités » ne compte que 70 résultats — et ne prend pas en compte le fait que les résultats de Google actualités varient d’un utilisateur à l’autre, car Google les personnalise en fonction de différents critères, comme la géolocalisation.

Campagne de l’extrême droite contre les réseaux sociaux

Certains sites présents dans le « classement » de PJ Media sont effectivement absents de Google actualités, notamment Infowars, le site d’Alex Jones, qui publie très régulièrement des théories du complot présentées comme des faits. Durant l’été, la plupart des comptes d’Infowars ont été supprimés par les grands réseaux sociaux, à la suite d’appels à la haine.

Les conservateurs américains, et plus particulièrement l’extrême droite, disent depuis des mois faire l’objet d’une « censure politique » permanente en ligne, de la part des grandes sociétés de la Silicon Valley. Les cas avérés de blocage ou de filtrage de personnalités d’extrême droite, comme Alex Jones ou Milo Yiannopoulos, concernaient tous des appels à la violence ou à la haine. Mais certaines mesures prises par les grandes plates-formes après l’élection présidentielle de 2016 pour lutter contre les fausses informations ont aussi touché des sites et des pages conspirationnistes ou colportant de fausses informations appréciés de l’extrême droite américaine.

Dans l’un de ses messages publiés le 28 août, Donald Trump menace directement Google : « Cette situation est très grave, et nous allons nous en occuper. » Le 5 septembre, le PDG de Twitter, Jack Dorsey, est convoqué par la majorité républicaine devant une commission du Congrès, où il sera interrogé sur les règles de modération de son réseau social — la majeure partie des questions de la droite devrait concerner la prétendue « censure » visant les conservateurs.