Au Japon, des auto-écoles se reconvertissent en drone-écoles
Au Japon, des auto-écoles se reconvertissent en drone-écoles
Par Jean-Michel Normand
Selon l’association japonaise de pilotes de drones, il faudrait pouvoir former 140 000 télépilotes en 2020 pour répondre aux attentes de plusieurs secteurs de l’économie.
Un drone à l’œuvre au-dessus d’une rizière à Tome, dans la province de Miyagi, le 20 août 2018. / YUKA OBAYASHI / REUTERS
Au Japon, les auto-écoles éprouvent la désagréable impression de ne pas s’inscrire dans le sens de l’histoire. On n’en dénombre guère plus d’un millier et, en presque trente ans, le nombre de personnes ayant décroché leur permis de conduire est passé de 2,6 à 1,6 million par an. La faute au vieillissement accéléré de la population, mais aussi au moindre intérêt des jeunes Japonais pour l’automobile.
Face à ce déclin, les auto-écoles regroupées au sein du Driving School Drone Consortium s’organisent pour dispenser, à côté des leçons de conduite, une formation de pilote de drone, qualification de plus en plus recherchée. Depuis quelques mois, seize établissements proposent de passer un diplôme, et vingt-quatre seront opérationnels en fin d’année. L’objectif est de parvenir à cent, soit près de 10 % du total des auto-écoles nippones, dans deux ans.
Basé sur des recommandations validées par les pouvoirs publics, le cursus proposé au sein d’une drone-école prévoit dix heures de formation pratique. On apprend à faire voler un multicoptère avec ou sans liaison GPS, mais aussi à programmer un vol autonome. S’y ajoutent six heures de formation théorique autour du fonctionnement de ces aéronefs et de la réglementation en vigueur (l’amende en cas de survol d’une zone non autorisée est de 500 000 yens, soit près de 4 000 euros). Le coût de ce programme avoisine les 2 000 euros.
Livraisons, imagerie aérienne et agriculture
Selon l’association japonaise de pilotes de drones, il faudrait pouvoir former 140 000 télépilotes en 2020, en particulier pour répondre aux attentes de secteurs où les pénuries de main-d’œuvre sont manifestes. Les activités de livraison urbaine, d’inspection de bâtiments ou d’ouvrages d’art, de photographie et imagerie aériennes utilisent toujours plus ces appareils.
Dans le domaine de l’agriculture, où la moyenne d’âge des exploitants ne cesse de croître, les drones (sous forme de minihélicoptères radiocommandés et de multicoptères, plus compacts et moins onéreux) sont devenus des engins agricoles à part entière. Ils sont utilisés pour assurer des travaux d’épandage et de surveillance des rizières.
Au Japon, les manifestations publiques recourent volontiers, elles aussi, aux drones. Sans que leur pilote parvienne toujours à les maîtriser : en novembre 2017, la chute d’un engin de 4 kilos qui larguait des bonbons au-dessus de la foule à Ogaki, à l’ouest de Tokyo, fit six blessés.