Le ministre des finances italien Giovanni Tria au Parlement, le 6 juin 2018. / Tony Gentile / REUTERS

Le ministre italien des finances Giovanni Tria a promis dimanche 2 septembre que les choix politiques de son gouvernement ne fragiliseraient pas la « stabilité budgétaire » du pays. Cet économiste modéré, qui n’a de cesse de rassurer le monde économique sur la politique du gouvernement populiste Ligue-Mouvement 5 étoiles, se dit confiant dans la réaction des marchés à la loi de finances qu’il présentera dans quelques semaines.

« Le gouvernement a déjà annoncé à plusieurs reprises que la stabilité budgétaire sera respectée, et dans les prochaines semaines, avec la loi de finances, ces intentions se traduiront en actions. Alors, le spread baissera », affirme le ministre dans un entretien à La Repubblica.

Le « spread », un indicateur très surveillé qui mesure l’écart entre les taux d’emprunt allemand et italien, a atteint les 290 points de base vendredi – son niveau le plus élevé depuis un an. « Avant la fin du mois, les perturbations disparaîtront », rassure M. Tria.

Luigi di Maio souffle le chaud

Les agences de notation restent toutefois méfiantes. L’une d’entre elles, Fitch, a finalement maintenu vendredi soir la note de la dette italienne à BBB tout en se montrant pessimiste sur son évolution puisqu’elle a abaissé sa perspective de « stable » à « négative ». « Après la formation d’un gouvernement de coalition, Fitch anticipe un certain relâchement budgétaire qui exposerait davantage le niveau très élevé de la dette italienne à des chocs potentiels », a-t-elle affirmé pour justifier cette décision.

Mises bout à bout, les promesses électorales de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles (création d’un revenu citoyen, remise à plat des retraites, réformes du droit du travail, introduction d’une « flat tax »...) pourraient coûter environ 100 milliards d’euros. Après l’effondrement du viaduc autoroutier de Gênes, le gouvernement populiste a en outre promis « un programme de grands travaux comme celui engagé par le président Trump ».

Le vice-Premier ministre et ministre du développment économique Luigi Di Maio, également patron du Mouvement 5 étoiles (anti-système) a affirmé dimanche que son gouvernement choisirait toujours de défendre les Italiens avant de suivre l’avis des agences de notation. « Nous ne pouvons pas penser suivre les avis des agences de notation pour ensuite poignarder les Italiens dans le dos », a affirmé M. Di Maio.

Vendredi, le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, a demandé à Rome de réaliser un « effort important » pour son budget 2019, attendu dans les prochaines semaines, soulignant qu’il était « dans l’intérêt de l’Italie de contrôler la dette publique », qui s’élève à 132 % du PIB – le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.