Nadia A. a été condamnée, vendredi 7 septembre à Paris, à sept ans de prison ferme pour avoir incité, entre 2014 et 2016, des jeunes filles à rejoindre l’organisation djihadiste Etat islamique en Syrie. Des faits dont cette femme de 37 ans s’est toujours défendue.

Le tribunal correctionnel de Paris, qui a assorti la peine d’une période de sûreté des deux tiers, a jugé cette Française coupable d’avoir « fait la publicité » des thèses de l’organisation Etat islamique (EI) et du djihad en Syrie, « principalement auprès de jeunes femmes influençables » sur les réseaux sociaux. Mais aussi d’avoir « facilité » le départ en Syrie de l’une d’elles, Myriam B., presque 18 ans fin 2014, notamment en l’hébergeant à Marseille.

« Vous aviez manifestement une influence extrêmement poussée pour que de jeunes filles en contact habituel avec vous partent ou souhaitent partir. »

« Matrone sur les réseaux sociaux »

Le tribunal a dépassé les réquisitions du parquet. L’accusation avait demandé cinq ans de prison, dont un avec sursis et mise à l’épreuve, décrivant la « fascination pour l’Etat islamique » d’une femme alors « incontournable sur la djihadosphère », qui « apparaissait un peu comme une matrone sur les réseaux sociaux ».

Son avocat, Adrien Sorrentino, avait plaidé sa relaxe, estimant qu’« aucun élément matériel » dans le dossier ne prouvait qu’elle incitait au djihad en Syrie, ni n’indiquait précisément qui elle aurait aidé à partir.

Dans le box, la prévenue aux longs cheveux noirs, voix claire et vocabulaire parfois soutenu, a assuré n’avoir jamais conseillé le djihad en Syrie, tout au plus vers des pays comme l’Algérie ou le Maroc. Elle conversait avec ces jeunes sur Twitter à la faveur des « rappels » théologiques qu’elle publiait, « une passion », a-t-elle expliqué, ou « des histoires d’amour entre compagnons, entre prophètes ».

Parcours chaotique

La jeune Myriam B., alias « La terroriste » sur le réseau social, avait rejoint en Syrie Mickaël Dos Santos, un Français épousé via Skype qui apparaît sur des images d’exactions djihadistes. Visée par un mandat d’arrêt, elle a été condamnée par défaut à dix ans de prison, la peine maximale. Nadia A., qui avait hébergé la jeune fille à Marseille juste avant son départ, a assuré qu’elle ignorait ses intentions, malgré environ 300 appels téléphoniques en deux mois.

Cette femme au parcours chaotique, qui a quitté l’école avant le bac, contracté le VIH après avoir été violée puis souffert, selon son avocat, d’un cancer, s’était passionnée pour l’islam dès 2013. Elle avait commencé par porter le voile, puis le niqab. Elle avait épousé en 2015 par téléphone, puis quitté, un djihadiste depuis condamné pour un séjour en Syrie en 2014. Leur fils de deux ans est placé dans une famille d’accueil.