Affaire Skripal : deux autres espions russes ont été arrêtés aux Pays-Bas
Affaire Skripal : deux autres espions russes ont été arrêtés aux Pays-Bas
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)
Les deux suspects interpellés en mars étaient en possession de matériel visant à pénétrer le réseau informatique du laboratoire de Spiez, en Suisse, associé à l’enquête sur l’empoisonnement de Sergueï Skripal.
A Salisbury, le 19 mars. / Peter Nicholls / REUTERS
Les quotidiens néerlandais NRC et suisse Tages-Anzeiger ont révélé, vendredi 14 septembre, que deux espions russes, sans doute membres des services de renseignement militaires (GRU), ont été arrêtés aux Pays-Bas, il y a plusieurs semaines. Ils devaient se rendre en Suisse et étaient en possession de matériel visant à pénétrer le réseau informatique du laboratoire de Spiez, près de Berne.
Celui-ci, mandaté régulièrement par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), procédait notamment aux analyses sur l’empoisonnement de l’ancien espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, le 4 mars, à Salisbury, en Angleterre. Il enquête également sur l’usage d’armes chimiques par le régime syrien.
Les deux hommes ont été arrêtés à la fin mars, comme l’a indiqué le premier ministre Mark Rutte, sans livrer de détails sur l’affaire ou l’identité des intéressés. L’opération avait été conduite par le renseignement militaire néerlandais (MIVD), en coopération avec des services européens. Le service helvétique de renseignement (NDB) a confirmé l’arrestation de deux espions. Elle a permis, indique-t-il, de prévenir « des actions illégales contre une infrastructure sensible » et résulte d’« une coopération active » avec des partenaires néerlandais et britanniques. Une enquête pénale a été ouverte dès mars par la justice suisse.
Tentative de piratage informatique
Le laboratoire de Spiez, inauguré en 2010, est rattaché à l’Office fédéral de protection de la population et est spécialisé dans l’étude des menaces nucléaires, bactériologiques et chimiques. L’OIAC lui avait confié la mission de vérifier des échantillons prélevés à Salisbury et de confirmer la possible utilisation de l’agent neurotoxique Novitchok. Deux Russes, Rouslan Bochirov et Alexandre Petrov, suspectés par Londres d’être les agents du renseignement militaire qui ont empoisonné les Skripal, ont nié, jeudi 13 septembre, être impliqués dans cette affaire. Ils ont affirmé, dans une interview à la chaîne de télévision RT – considérée comme un organe de propagande du Kremlin – qu’ils faisaient du tourisme dans la ville du Wiltshire.
Un porte-parole du laboratoire de Spiez a indiqué pour sa part aux journalistes qu’une première tentative de piratage informatique avait été détectée « au début de l’année ». Elle n’aurait pas réussi et les responsables ont, dit-il, renforcé ensuite les systèmes de sécurité des installations. Il semble toutefois que la Russie détenait certains détails quand, le 14 avril, le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov a évoqué un rapport « confidentiel » sur les analyses effectuées en Suisse.