La ministre de la culture, Françoise Nyssen, au château de Versailles, le 12 septembre 2018. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

« Amis créateurs, soupirons, mais restons zen. » Le président du Syndicat national du jeu vidéo (SNJV), Lévan Sardjevéladzé, cachait mal son malaise, jeudi 13 septembre, après la publication dans Challenges d’un portrait de l’actuelle ministre de la culture, Françoise Nyssen.

L’objet de son agacement ? Dans une colonne « Elle n’aime pas » apparaissent les jeux vidéo – domaine dont le ministère de la culture a la tutelle au même titre que le cinéma ou le livre.

L’article a suscité de nombreuses réactions lasses de la part de professionnels, chercheurs et fans de jeux vidéo. « Imagine un ministre dire qu’il n’aime pas le cinéma ou la littérature ou le théâtre” », « ministre de la culture, oui mais de la culture des riches, s’il vous plaît », peut-on lire sur Twitter.

Contacté par Le Monde, l’entourage de Françoise Nyssen assure pourtant que la ministre « n’a jamais déclaré qu’elle n’aimait pas le jeu vidéo ». Le magazine s’est basé sur d’anciens témoignages ou articles « ne reflétant pas l’avis de Françoise Nyssen en 2018 », explique-t-on rue de Valois. Selon les informations du Monde, cet encadré publié par Challenges se fonde, en effet, sur un ancien échange ayant eu lieu en 2016 entre l’auteur de l’article et la future ministre, alors directrice de la maison d’édition Actes Sud, durant lequel elle avait déclaré préférer la littérature aux jeux vidéo.

Les jeux vidéo dans le Pass culture

Depuis sa nomination rue de Valois en 2017, Françoise Nyssen s’est manifestement montrée encline à changer d’avis. Tout en reconnaissant n’avoir jamais tenu une manette de sa vie, elle s’était rendue à la Paris Games Week à l’automne 2017 en mettant en avant son envie de découvrir le secteur.

Fin 2017, Françoise Nyssen avait ensuite affiché un visage résolument pro-jeu vidéo, en déclarant sur Dailymotion, dans une vidéo destinée aux collégiens, qu’elle s’engageait à soutenir le secteur français du jeu vidéo :

« C’est un art comme les autres, ça fait partie de la culture et nous y sommes très attachés. D’ailleurs (…) en France, c’est un secteur très actif, très créatif et beaucoup de gens sont dans le secteur du jeu vidéo. Il y a des inventeurs, des concepteurs, des ingénieurs qui travaillent dessus. Nous allons [les] soutenir, et nous sommes très attentifs ici au ministère de la culture de soutenir le jeu vidéo, qui est un vrai élément de notre culture en France. »

Ces dernières années, plusieurs productions françaises ont été plébiscitées à l’international pour leur créativité, comme Dead Cells, Furi, Dishonored, Enterre-moi mon amour, Soldats inconnus : mémoires de 14-18 ou encore A Normal Lost Phone, dont la plupart ont bénéficié de fonds publics.

Récemment, le ministère de la culture a aussi été à l’origine de l’inclusion des jeux vidéo dans le Pass culture, qui doit être lancé en 2019 après une phase d’expérimentation cet automne. Ce à quoi le président du SNJV, Lévan Sardjevéladzé, avait réagi très favorablement en déclarant : « C’est une très bonne chose que l’on reconnaisse le jeu vidéo comme un objet culturel. »