Facebook remporte de premiers succès face aux fausses informations, note une étude de Stanford
Facebook remporte de premiers succès face aux fausses informations, note une étude de Stanford
Une étude menée par trois chercheurs de l’université Stanford montre que le succès de certaines publications mensongères sur Facebook s’étiole depuis la fin de 2016.
Les efforts entrepris par Facebook depuis deux ans pour tenter de limiter la propagation d’informations mensongères pourraient commencer à payer. C’est ce qui ressort d’une étude menée par trois scientifiques de l’université Stanford, publiée vendredi 14 septembre. Ces derniers ont identifié 570 sites « producteurs de fausses informations » et ont étudié le niveau d’activité engendré par leurs articles sur Twitter et sur Facebook entre janvier 2015 et juillet 2018.
L’étude montre que le nombre d’utilisateurs de Facebook « likant », commentant ou partageant des articles publiés sur des sites connus pour leurs publications mensongères ou fortement biaisées a nettement baissé à partir de la fin de l’année 2016. Cette tendance semble propre à Facebook, puisque le nombre d’utilisateurs de Twitter partageant ces articles a continué sa hausse pendant la même période. Au début des mesures des chercheurs, le rapport entre un partage sur Twitter et une interaction sur Facebook était de 1 pour 40 (1 partage Twitter pour 40 interactions sur Facebook). En juillet 2018, il n’était plus que de 1 pour 15.
Une étude réalisée par trois chercheurs à l’université de Stanford montre que le succès de certaines publications mensongères sur Facebook s’étiole depuis fin-2016. / Allcott, Gentzkow, Yu / Stanford / Capture d'écran
Pour réaliser ces mesures, les chercheurs ont créé une liste de 570 sites, quasi exclusivement anglophones, en combinant plusieurs listes préexistantes établies par des médias spécialistes du « fact-checking » (« la vérification de faits ») ou par des universitaires pour de précédentes études. Ils n’ont conservé que des sites apparaissant dans plusieurs de ces listes. Certains sites appartiennent à des médias (comme celui du tabloïd britannique Daily Express ou un site appartenant au Times of India), d’autres ne contiennent que des articles purement mensongers sans but précis et beaucoup le font à des fins politiques, principalement pour la droite dure américaine. Les données de partage (sur Twitter) et d’engagement (sur Facebook) sont quant à elles issues d’une entreprise commerciale spécialisée dans la mesure d’audience sur les réseaux sociaux.
Les chercheurs ont aussi créé plusieurs listes de sites dits « de contrôle », notamment des grands et petits sites d’actualité. La tendance est totalement différente des sites mensongers : les interactions sur Facebook et les partages sur Twitter des articles issus de ces sites continuent d’augmenter même après la fin de 2016. Cela a permis aux chercheurs de prendre en compte le changement d’algorithme annoncé en début d’année par Facebook visant à réduire la part des contenus issus des médias par rapport à ceux postés par les proches dans le fil d’actualité des visiteurs.
Les efforts de Facebook commenceraient à payer
La rupture claire détectée par les chercheurs, à la fin de 2016, survient peu après l’élection américaine de novembre et correspond au moment où Facebook, sous pression, a commencé à prendre des mesures pour combattre la désinformation en ligne. Le réseau social a, entre autres, commencé à travailler avec des médias spécialistes de la vérification des faits, a mis en place une signalétique pour certains médias problématiques, a diminué la diffusion des articles mensongers lorsqu’ils sont partagés par les utilisateurs et a asséché le financement par la publicité de certains sites propageant des informations mensongères.
« L’ampleur du problème de la désinformation a semble-t-il décliné, du moins temporairement, et les efforts fournis par Facebook après l’élection de 2016 pour limiter la diffusion de la désinformation pourraient avoir eu un impact important », écrivent les chercheurs.
Des chercheurs très prudents
« Nos preuves comportent de nombreuses limites importantes, et doivent être interprétées avec précaution » préviennent toutefois d’emblée les chercheurs.
D’abord, expliquent-ils, la durée de vie des sites produisant de fausses informations est très courte, aussi n’excluent-ils pas ne pas avoir pris en compte certains sites, notamment de petite taille, apparus récemment. Le moindre succès des informations mensongères sur Facebook se vérifie cependant lorsque les chercheurs se concentrent sur des sites créés après l’élection de 2016.
Ensuite, les chercheurs estiment qu’il est possible que la présence des élections ait produit un biais dans leurs résultats : les contenus politiques clivants ont plus de succès pendant cette période. Mais, notent-ils, le fait que leur diffusion augmente sur Twitter après les élections tend à nuancer ce constat.
Enfin, certains sites mensongers sont issus de listes créées par des médias partenaires de Facebook dans la lutte contre la désinformation. Aussi, notent les chercheurs, s’agit-il de sites dont Facebook connaît le caractère mensonger ou trompeur, et donc plus susceptible d’en limiter la portée.
Les chercheurs ne veulent surtout pas que leurs travaux sonnent la fin de la lutte contre la désinformation. « Il est important de souligner que la quantité absolue de fausses informations sur les deux plates-formes demeure importante et que Facebook joue encore un rôle important dans leur diffusion », écrivent-ils.