Les autorités tentent de contenir l’« exode massif » depuis les régions anglophones du Cameroun
Les autorités tentent de contenir l’« exode massif » depuis les régions anglophones du Cameroun
A l’approche de la présidentielle du 7 octobre, la population fuit les combats qui s’intensifient entre l’armée et les séparatistes.
Des habitants de la région camerounaise anglophone du Sud-Ouest dans une gare routière de Buea, en juillet 2018. / STRINGER / AFP
Les autorités camerounaises ont interdit, samedi 15 septembre, « l’exode massif » des populations du Sud-Ouest, l’une des deux régions anglophones en crise, après que des « centaines de familles » de ces zones ont décidé de les fuir, à trois semaines de l’élection présidentielle.
« Les prescriptions du gouverneur [du Sud-Ouest, Bernard Okalia Bilaï] ont été claires : les voyages sont autorisés, mais les déménagements et exode massif des populations sont interdits », a rapporté samedi la Cameroon Radio Television (CRTV, radio d’Etat).
« Atmosphère de peur »
Des « centaines de familles sont en train de fuir le Sud-Ouest pour des régions “plus sûres”, il y a une atmosphère de peur », a indiqué à l’AFP le même jour un travailleur humanitaire à Buea, la capitale régionale.
Depuis quelques jours, des départs massifs sont enregistrés dans les deux régions anglophones. A l’approche de l’élection présidentielle, prévue le 7 octobre, les habitants redoutent une intensification des combats, déjà devenus quasi quotidiens, entre l’armée et les séparatistes.
Ces derniers, qui ne reconnaissent plus l’autorité étatique de Yaoundé et plaident pour la constitution d’un Etat anglophone camerounais indépendant, ont affirmé que le scrutin ne se tiendrait pas en zone anglophone.
Samedi, le gouverneur Okalia Bilaï s’est rendu dans l’une des gares routière de Buea d’où les populations fuient, parfois avec matelas et lits, vers Douala (Sud) ou les régions de l’Ouest ou du Centre.
Des « rumeurs […] circulent [selon lesquelles] les forces de défense et de sécurité vont lancer l’assaut. Elles ne lancent pas l’assaut », a-t-il expliqué à la CRTV, déclarant que « c’est plutôt les terroristes [combattants séparatistes anglophones] qui veulent [le faire] et les forces de sécurité sont là pour casser cet assaut ».
Etablissements pris pour cible
M. Okalia Bilaï a appelé les populations à « rester chez elles » et à collaborer « avec les forces de sécurité ». « Les parents et les enfants sont en train de partir alors que beaucoup sont déjà inscrits dans les écoles », a-t-il regretté sur la chaîne d’Etat. Depuis la rentrée, le 3 septembre, plusieurs établissements ont été pris pour cible, le gouvernement en imputant la responsabilité aux combattants séparatistes.
A mesure que le scrutin approche, la situation sécuritaire dégénère chaque jour un peu plus dans les régions anglophones : mardi 11 septembre, Buea a été le théâtre d’affrontements entre séparatistes et forces de sécurité.
Depuis le début du conflit armé, fin 2017, 109 membres des forces de l’ordre et de sécurité ont été tués au Cameroun anglophone, selon le gouvernement. D’après des ONG, plusieurs centaines de civils auraient perdu la vie dans ce conflit.