Le ministère des sports fonctionnera avec un budget en baisse
Le ministère des sports fonctionnera avec un budget en baisse
Par Adrien Pécout
Le budget baissera de 30 millions en 2019, pour se situer à 451 millions d’euros. Des arbitrages qui ne devraient pas rassurer le mouvement sportif.
La ministre des sports, Roxana Maracineanu au côté de Gérald Darmanin, le ministre des comptes publics, à la sortie de l’Elysée, le 19 septembre. / LUDOVIC MARIN / AFP
La nouvelle était attendue, sinon redoutée. Le ministère des sports fonctionnera avec un budget à la baisse. De 481 millions d’euros en 2018, celui-ci passera à 451 millions d’euros en 2019, selon le projet de loi de finances (PLF) pour 2019 présenté, lundi 24 septembre, en conseil des ministres, et qui fera l’objet d’un vote de l’Assemblée en octobre.
Le mouvement sportif se préparait déjà à pareille réduction, après la révélation par l’Agence France-Presse, le 7 septembre, d’une lettre de cadrage envoyée au ministère des sports, à la fin du mois de juillet, par le premier ministre, Edouard Philippe. « Une annonce très brutale », réagissait, dès le 9 septembre, Roxana Maracineanu, nouvelle ministre des sports après la démission de Laura Flessel.
La présentation officielle du nouveau budget laisse pourtant, aujourd’hui, plusieurs questions en suspens. Dans son communiqué, le ministère des sports estime d’abord que son budget a été « préservé », malgré une baisse de 6 % d’une année sur l’autre, qui fait elle-même déjà suite à une baisse en 2018.
Plus de 150 000 signataires à la pétition du CNOSF
Comme justifier, alors, les 30 millions d’euros de moins en 2019 ? Le ministère invoque une raison : l’écart serait dû, selon ses calculs, à la part « largement surévaluée (donc partiellement dépensée) », il y a un an, pour « régler les cotisations salariales des arbitres ».
Dans ces 451 millions d’euros de budget, le communiqué du ministère insiste sur deux augmentations. Un surplus de 25 millions d’euros renforcera les crédits destinés aux sportifs en préparation pour les Jeux olympiques et paralympiques, qui devrait atteindre 88 millions d’euros l’année prochaine. Un autre surplus, chiffré à 15 millions d’euros, est destiné au développement de la pratique pour tous, en « faveur de la réduction des inégalités », et en particulier dans l’apprentissage de la natation.
Le ministère explique au Monde que l’argent qui sera débloqué en 2019 pour ces deux postes proviendra d’une réaffectation de certaines lignes budgétaires actuelles : notamment l’argent débloqué pour récompenser les médaillés olympiques des Jeux d’hiver 2018 de Pyeongchang (1,5 million d’euros) ou encore celui qui a permis le réaménagement de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (4 millions d’euros), à Paris.
Hors budget de fonctionnement, le ministère des sports ajoute un autre poste de dépense prévu en 2019 : 65 millions d’euros versés à la Société de livraison des ouvrages olympiques, dans la perspective des Jeux 2024 à Paris.
Il n’est pas certain que ces arbitrages rassurent le mouvement sportif. Depuis le vendredi 21 septembre, à travers une pétition en ligne « pour que le sport compte », le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), réclame davantage de « moyens » au gouvernement. Le texte, qui n’a pas de date limite, recueillait plus de 154 000 signatures lundi 24 septembre au matin.
Flou autour des conseillers techniques sportifs
Pas certain non plus que ce projet de loi de finances ne dissipe le flou autour du sort des conseillers techniques sportifs (CTS), ces quelque 1 600 fonctionnaires rattachés aux différentes fédérations sportives du pays.
En juillet, la lettre de cadrage du premier ministre demandait au ministère des sports de supprimer, d’ici à 2022, l’équivalent de 1 600 emplois à temps plein. Aucun des 1 600 CTS « ne perdra son emploi », a toutefois assuré Roxana Maracineanu, le 10 septembre, dans un entretien au journal L’Equipe. Tout en précisant que ces CTS pourraient perdre leur statut de fonctionnaires.
Enfin, le flou demeure aussi quant aux ressources précises du Centre national pour le développement du sport (CNDS), le bras financier du ministère des sports, qui sont comprises dans les 451 millions de budget de fonctionnement. Celles-ci proviennent de taxes prélevées sur les paris sportifs et les droits de retransmissions télévisées, que le Comité national olympique souhaiterait déplafonner.
« Les discussions se poursuivent afin d’obtenir des financements supplémentaires pour le développement des pratiques », reconnaît le ministère des sports dans son communiqué, qui ajoute que Roxana Marcineanu accompagnera Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, en octobre à l’Assemblée.
Sans donner plus de précisions, le projet de loi de finances pour 2019 se contente d’indiquer que « la fiscalité affectée au CNDS » contribuera à la création de l’« Agence du sport ». Cette nouvelle entité englobera à la fois la pratique de haut niveau et celle du sport pour tous, alors qu’une promesse présidentielle a fixé le cap de 3 millions de pratiquants réguliers en plus d’ici à la fin du quinquennat.