Jean-Luc Mélenchon, la coqueluche des corbynistes à Liverpool
Jean-Luc Mélenchon, la coqueluche des corbynistes à Liverpool
Par Philippe Bernard (Londres, correspondant)
Le député La France insoumise gauche et le leader de l’opposition britannique se sont rencontrés lundi 24 septembre en marge du congrès travailliste.
Ils ont des points communs. Sexagénaires, ils enflamment les jeunes, personnifient la renaissance de la gauche de la gauche et détestent les médias. Ils sont aussi très différents : Jeremy Corbyn est un orateur plutôt soporifique alors que Jean-Luc Mélenchon aime les effets de manche. Le Britannique dirige l’opposition (40 % des voix aux législatives) et pourrait entrer à Downing Street si la crise du Brexit fait tomber Theresa May. Le Français cherche son second souffle après la présidentielle (19,58 %). Les deux hommes de gauche se sont rencontrés lundi 24 septembre en marge du congrès travailliste de Liverpool.
A sa sortie, M. Mélenchon affirme être venu pour « recréer des liens internationaux », et ne dit rien sur le contenu de leur conversation, si ce n’est qu’elle a eu lieu… en espagnol, langue commune de ces deux zélateurs des révolutions sud-américaines. « Lui et moi avons résisté dans la durée et nous sommes devenus le point d’appui de la génération suivante. (…) L’un d’entre nous va bien arriver à gagner les élections générales », glisse le député de La France insoumise. Tandis que Jeremy Corbyn a conquis le Labour dans un pays dont le système politique écrase les petits partis, M. Mélenchon reconnaît que sa trajectoire aurait été impossible « sans le système électoral présidentiel ».
Accueil de star
Le soir, lors d’une conférence lue en français, le chef de La France insoumise a eu droit à un accueil de star de la part des militants de Momentum, le courant Labour pro Corbyn. « Le moment est venu de coordonner nos résistances contre la barbarie néolibérale », a-t-il lancé, déclenchant des vagues de « Oh Jenne Liouc Meleenchonne », sur le même air chaloupé que les « Oh Jeremy Cooorbyn », hymne des Corbynistes.
Le chef des Insoumis ne parle pas anglais mais il a des idées sur le Brexit : « Le vote a eu lieu, la décision a été prise. Que le Royaume-Uni quitte l’UE, cela m’est indifférent. » Il estime que le « chaos du Brexit » est une invention de la presse et tranche : « Les Britanniques ont voté pour reprendre le contrôle de leur existence que l’UE leur interdit. Ils ne se sont pas trompés. Il leur reste à le gagner. » Heureusement que le camarade Corbyn, dont les congressistes réclament massivement un nouveau vote pour sortir du bourbier du Brexit, ne comprend pas le français.