Au Mali, une attaque fait au moins 12 morts près de la frontière nigérienne
Au Mali, une attaque fait au moins 12 morts près de la frontière nigérienne
Quelque 200 personnes ont été tuées cette année dans le nord-est du pays, où s’affrontent djihadistes, milices, forces maliennes et internationales.
Des hommes du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) patouillent le long de la frontière nigérienne, dans la région de Ménaka (nord-est du Mali), en février 2018. / SOULEYMANE AG ANARA / AFP
Au moins douze civils touareg ont été tués, mardi 25 septembre, par des assaillants armés dans le nord-est du Mali, près de la frontière nigérienne, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de sources concordantes.
Quelque deux cents personnes, dont de nombreux civils, appartenant surtout aux communautés peule et touareg, ont péri depuis le début de l’année dans cette région. La zone est le théâtre d’affrontements qui opposent notamment des djihadistes ayant prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI) et deux groupes principalement touareg soutenant la force française « Barkhane » et l’armée malienne : le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) et le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA).
L’attaque s’est produite à 45 km à l’ouest de Ménaka, principale ville de la région. « Des hommes armés circulant à moto ont tué [mardi] au moins douze civils », a indiqué à l’AFP un élu de la zone sous couvert de l’anonymat, citant un habitant de la localité qui a vu les corps. « Pour le moment, on ne peut pas dire qui sont exactement les auteurs. Je ne sais pas si c’est le résultat de différends entre tribus ou un acte terroriste. »
Axes commerciaux ou de contrebande
Une source sécuritaire locale a confirmé « l’assassinat d’au moins douze civils », ajoutant que « des sources parlent de douze, d’autre de seize ». « Parmi les victimes, on compte beaucoup de jeunes », précise-t-elle. Dans un communiqué, le MSA (mouvement issu de l’ex-rébellion à dominante touareg) affirme pour sa part que « des individus armés sur des motos ont exécuté dix-sept civils de deux campements appartenant à la communauté [touareg] ibogholitane ».
Dans un rapport remis au Conseil de sécurité de l’ONU en août, un groupe d’experts souligne que les conflits entre communautés locales, pour les postes de pouvoir, le contrôle d’axes commerciaux ou de contrebande, les pâturages et l’accès aux puits, exacerbent les tensions dues aux affrontements entre djihadistes et forces maliennes et internationales.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée. Les djihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement, en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.