Après la déception face au Canada, les Françaises veulent se reprendre.

L’équipe de France féminine de basket a rajouté un match à son Mondial. Renversées mardi par les Canadiennes en seconde période – encaissant un 15-0 rédhibitoire en fin de partie –, les Françaises ont abandonné à leurs vainqueures la première place du groupe A et la qualification directe pour les quarts de finale de la Coupe du monde.

Les ouailles de Valérie Garnier affrontent la Turquie mercredi 26 septembre (à 18 h 30, heure française, sur Canal+ Sport) en huitièmes de finale pour espérer poursuivre leur route dans la compétition. Et reprendre leur marche en avant, elles qui ne dissimulaient pas leurs ambitions de podium avant l’entame du Mondial espagnol (il se déroule à Tenerife).

Entraîneur des Bleues pendant neuf ans et formateur de sa successeuse – il a entraîné Valérie Garnier à ses débuts à Mirande puis l’a intégrée à son staff en équipe nationale –, Alain Jardel fait le point sur le jeu de l’équipe de France avant ce match de barrages crucial. Et rappelle les Françaises aux fondamentaux du jeu bleu, la défense.

Que s’est-il passé face au Canada ?

On peut parler de panne, du non-match. Elles ont sans doute joué cette rencontre dans leurs têtes depuis des mois. Tout le monde en parlait pendant la préparation. Mais il y a sans doute aussi eu un petit emballement. Depuis le début, tout le monde se projette au-delà des quarts, en fixant un niveau de résultat très élevé, le podium. Ce qui oblige à avoir des résultats. Et dès qu’il se passe la moindre chose, on peut être écrasé par l’enjeu et retomber de très haut.

Tout le monde rabâche depuis le début : « on n’a pas fait de podium depuis 1953. » Mais ce n’est pas en l’affirmant qu’on se met en situation de grimper dessus. D’ailleurs, le Canada n’est pas une équipe aussi redoutable qu’annoncé, même si elles nous ont battus largement. Ce qui devrait nous interroger sur notre équipe. Hier, tout le monde a été très en dedans côté français, notamment en défense.

La base de tous les sports collectifs, c’est l’identité défensive. C’est ça qui fait gagner, comme on l’a vu cet été avec les Bleus du football. Depuis le début de la compétition, l’équipe de France a des soucis à ce niveau, notamment pour tenir la porteuse du ballon. C’est ce qu’il faut régler pour aller loin.

Peuvent-elles se remobiliser d’ici au huitième de finale, aujourd’hui ?

Elles ont le dos au mur, mais peuvent s’appuyer sur de vraies valeurs collectives. Si elles se rendent compte que la Turquie n’est pas aussi redoutable qu’on peut leur raconter, elles vont se remobiliser.

La Turquie n’est pas un adversaire infranchissable, comme peuvent l’être les Etats-Unis. Elle peut nous poser des problèmes, mais Valérie [Garnier] est la mieux placée pour préparer ce match, car elle entraîne Fenerbahçe depuis quelques mois et connaît les forces en présence. Et à mes yeux, les Turques sont moins fortes que nous.

Après, les Bleues doivent se méfier. Historiquement, les championnats du monde présentent un format qui ne réussit pas aux équipes françaises, et je suis bien placé pour le dire [8e en 2002 alors que la France était championne d’Europe, et 5e en 2006]. La variété des jeux proposés peut surprendre.

Mais hormis les Etats-Unis, qui sont sur une autre planète, toutes les autres équipes peuvent rivaliser entre elles, on l’a vu avec le Sénégal qui bat une équipe européenne [première victoire d’un pays africain lors d’un Mondial].

Comment aborder ce match couperet ?

Il faut se lever tranquillement, prendre son baluchon et y aller. Il n’y a même pas à parler de l’adversaire : on va jouer un match, et on va le gagner. Hier c’était un jour sans, mais c’était hier. Comme au golf, on joue un coup après l’autre, et le coup précédent qui nous met dans une mauvaise situation, est à oublier, car on ne peut pas le refaire.

On ne peut plus refaire le match contre le Canada, le match du jour, c’est la Turquie et on va le gagner. Il faut identifier les faiblesses, notamment en défense où les Bleues n’y étaient pas, et les corriger. C’est dans cet état d’esprit qu’il faut qu’elles arrivent sur le terrain.

Rien n’est fini. Il faut battre la Turquie, et si match d’après il y a, il faudra battre la Belgique. Mais qu’on parle d’abord de la Turquie, pas du podium. Et ça, à mes yeux, on ne l’a pas assez fait.

A moins que cela se renouvelle, la rencontre d’hier reste un accident de parcours. Et cet arrêt dans la montée en puissance des Bleues va peut-être permettre de rectifier certaines choses. Je suis persuadé qu’elles vont gagner ce soir.