Après son « ras-le-bol Macron » lancé en 2015, Martine Aubry persiste dans ses critiques contre la politique du président de la République. Vendredi matin, à l’occasion de son point presse traditionnel de rentrée, la maire de Lille a fait part de sa colère nourrie par les différentes sorties médiatiques d’Emmanuel Macron depuis le début du quinquennat. « Quand on est président de la République, comment peut-on dire aux Français que ce sont des fainéants, qu’ils n’ont qu’à traverser la rue pour trouver du boulot, dire va t’acheter un costard, ou le pognon de dingue pour les pauvres ? s’est-elle insurgée. On n’a pas le droit de critiquer les Français comme ça. On est en train de casser la France ! »

Sur le plan économique, l’ancienne ministre de l’emploi du gouvernement Jospin a dénoncé « des cadeaux aux entreprises et aux plus riches autour de cette thèse inepte, et qui n’a jamais marché, du ruissellement vers les classes moyennes et les pauvres ». Martine Aubry estime que cette « politique libérale, à l’image de celles menées par Thatcher ou Schröder, a donné des échecs partout ».

Pour l’ex-première secrétaire du PS, le bilan de l’an I du quinquennat Macron est implacable : l’emploi stagne, la croissance n’est pas au rendez-vous, et la réduction des déficits n’est pas pour demain. Pourquoi ? « Car le budget 2018, c’est la suppression de l’ISF, la flat tax pour les revenus des capitaux, et l’augmentation de la CSG. L’an dernier, c’était le budget de l’injustice, cette année c’est le budget de la casse sociale ! »

« Je suis très pessimiste pour la suite »

Martine Aubry a par ailleurs dénoncé la suppression de postes dans l’éducation nationale, la baisse des budgets de l’emploi et de la transition énergétique – « ce qui veut dire que la démission de Hulot ne lui a rien ouvert dans la tête ? », a-t-elle glissé au sujet d’Emmanuel Macron –, ou encore la suppression de 800 postes à Pôle emploi. « C’est affreux, mais ah oui, c’est vrai qu’il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi », a-t-elle ironisé. Concernant la baisse des emplois aidés, la maire s’interroge :

« Comment vont faire les associations ? Ils [le président et le premier ministre] ne connaissent pas la vie des gens, la réalité de ce pays. Je suis très pessimiste pour la suite et je comprends que les Français commencent à dire : et si on s’était trompé en votant pour Macron ? »

Elue à la tête de Lille depuis dix-sept ans, Mme Aubry avait annoncé qu’elle ne souhaitait pas se représenter pour un quatrième mandat aux municipales de 2020, « sauf situation exceptionnelle ». Vendredi, elle n’a pas répondu clairement à la question, mais a toutefois laissé apparaître quelques signes. « On n’imaginait pas qu’Emmanuel Macron serait élu président et le fait est que la politique libérale actuelle accroît les inégalités. Or, je ne voudrais pas que Lille devienne comme la France où règne un état de désespérance et d’inquiétude. »

Concurrence

En vue des municipales, Mme Aubry a lancé au début de l’été l’association Lille 2030, un groupe de réflexion pour penser l’avenir de la capitale des Flandres. Elle sait déjà que la concurrence sera forte face aux partis de La République en marche et de La France insoumise qui rêvent, tous deux, de s’emparer de la ville. Jeudi encore, sur Twitter, le député (LFI) du Nord, Adrien Quatennens, écrivait :

« Martine Aubry avait annoncé que son mandat actuel serait son dernier. Elle peut être rassurée car la relève est assurée avec la France insoumise. »

Du côté des macronistes, Christophe Itier, haut commissaire à l’économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale, ratisse le terrain depuis sa défaite l’an dernier aux législatives. Mais sera-t-il le candidat LRM à Lille ? Sa collègue, la députée (LRM) du Nord, Valérie Petit, est aussi sur les rangs. Et la question d’une alliance entre LRM et le parti Les Républicains n’est pas tranchée. En attendant, le conseiller municipal centre-droit Thierry Pauchet a déclaré officiellement sa candidature aux municipales il y a quelques jours et LR a indiqué se réserver le droit de présenter un candidat « parlementaire » dans les prochains mois.