Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker (à gauche), avec le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, à Bruxelles, le 24 juin. / GEERT VANDEN WIJNGAERT / AFP

Les invectives fusent ; la Commission de Bruxelles reste ferme. « Nous devons éviter que l’Italie réclame des conditions spéciales qui conduiraient à la fin de l’euro si elles étaient concédées à tous », avait prévenu Jean-Claude Juncker, le président de l’institution, lundi 1er octobre, quatre jours après l’annonce d’un accord entre le Mouvement 5 étoiles (M5S, « antisystème ») et la Ligue (extrême droite) visant à laisser filer le déficit public transalpin à 2,4 % du produit intérieur brut (PIB) entre 2019 et 2021 – loin des 0,8 % espérés par Bruxelles dès l’an prochain.

La réponse du vice-premier ministre Matteo Salvini n’a pas tardé. « Je parle avec des personnes sobres qui ne font pas de comparaisons ne tenant pas la route », a-t-il répliqué, mardi, attaquant M. Juncker sur son prétendu penchant pour l’alcool.

La Commission sait qu’elle fait face à un gros problème avec l’Italie, troisième économie de la zone euro, pays fondateur de l’Union et dont le gouvernement populiste donne le sentiment, non seulement de ne pas vouloir respecter les règles du pacte de stabilité et de croissance, mais aussi de chercher le conflit avec « Bruxelles » et « les marchés », représentants patentés du « système ».

« Ouvert à un dialogue »

Pas question cependant d’adopter une ligne conciliante. Le commissaire européen à l’économie, Pierre Moscovici, avait déclaré dès vendredi qu’en l’état le projet de budget italien paraissait « hors des clous ». Son collègue letton Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission, a renchéri, mardi, expliquant que l’exécutif européen restait « ouvert à un dialogue » avec l’Italie, tout en soulignant que « ce que nous observons pour le moment ne semble pas être compatible avec le pacte de stabilité et de croissance ».

En mettant la pression sur la coalition à Rome, afin que son projet de budget 2019 soit révisé, la Commission poursuit au moins deux objectifs, et envoie autant de messages aux acteurs financiers. Elle tient à faire respecter le pacte de stabilité et de croissance, une loi commune très contestée, mais encore considérée comme le seul outil de convergence des économies de la zone euro. Elle veut en outre préserver la stabilité de ladite zone, qui pourrait pâtir d’une perte de confiance des investisseurs dans la dette italienne.

Faire entendre raison à un gouvernement qui la défie, sans provoquer de crise politique avec Rome et en empêchant une crise financière… Pour la Commission Juncker, pourtant rompue aux tempêtes, le pilotage du cas « Italie » s’annonce excessivement délicat.