Le soutien d’un cadre de Facebook à Brett Kavanaugh lance un débat dans l’entreprise
Le soutien d’un cadre de Facebook à Brett Kavanaugh lance un débat dans l’entreprise
Le vice-président chargé de la politique publique est un ami proche du candidat de Donald Trump à la Cour suprême, accusé d’agression sexuelle.
Audition de Brett M. Kavanaugh au Sénat, le 27 septembre. / MATT MCCLAIN / REUTERS
Dans sa vie professionnelle, Joel Kaplan est le vice-président de Facebook, basé à Washington et dédié à la politique publique du réseau social, après avoir travaillé comme conseiller de George W. Bush et avoir été soldat dans le corps des marines.
Dans sa vie personnelle, M. Kaplan est un ami proche de Brett Kavanaugh, le juge nommé par Donald Trump pour remplir le poste vacant à la Cour suprême des Etats-Unis. Une nomination qui se heurte, depuis deux semaines, à un problème majeur : une ancienne camarade de lycée de M. Kavanaugh l’a publiquement accusé de l’avoir agressée sexuellement. Les auditions de confirmation de la candidature de M. Kavanaugh ont très largement été consacrées à ces accusations, que le juge nie, et ont mis en évidence des incohérences dans sa défense.
Durant ces auditions, Joel Kaplan était physiquement présent, assis deux rangs derrière le juge. Une marque de soutien qui a généré de vives critiques au sein de Facebook, détaillées dans un long article du New York Times paru vendredi 5 octobre.
« Imaginons une seconde que notre vice-président pour les politiques publiques comprenne comment se déroule une audition au Sénat », écrit par exemple un employé sur le système de discussion interne à l’entreprise. « Son choix de siège était intentionnel, il savait très bien que les journalistes identifieraient toutes les personnalités publiques assises derrière Kavanaugh. Il savait que ça créerait une polémique en interne, mais il savait aussi qu’il ne serait pas licencié pour ça. C’était une protestation politique contre notre culture interne, et une gifle pour les employés [de Facebook]. » Dans d’autres groupes de discussions, notamment un groupe animé par des victimes d’agressions sexuelles, de nombreux messages très virulents ont été publiés, a constaté le New York Times.
Excuses internes
Vendredi 28 septembre, prenant acte des critiques, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, avait expliqué dans une réunion ouverte et particulièrement suivie que la « décision personnelle » de M. Kaplan n’avait pas contrevenu aux règles de l’entreprise, même si lui-même ne se serait pas rendu aux auditions s’il avait été à sa place. Une discussion qui n’a pas rassuré une partie des employés. Dans un communiqué publié jeudi 4 octobre, Facebook dit que « l’équipe de direction reconnaît avoir commis des erreurs » dans la gestion de ce dossier. M. Kaplan a de son côté présenté ses excuses dans une note interne. « Je reconnais que ce moment est difficile – en interne comme en externe », écrit-il.
M. Kaplan, clairement marqué à droite, avait été embauché en 2011 au bureau de Washington de Facebook, à une époque où l’entreprise cherchait à contrecarrer les accusations du Parti républicain, qui affirmait qu’elle était trop « de gauche ». Ces derniers mois, la droite américaine a multiplié les accusations contre Facebook et les autres grands groupes du Web californiens, les accusant sans présenter beaucoup d’éléments concrets de « discrimination » contre les conservateurs.