Des militants LGBT mobilisé contre le référendum visant à pérenniser l’interdiction du mariage homosexuel, en Roumanie, dimanche 7 octobre. / INQUAM PHOTOS / REUTERS

L’abstention massive des Roumains samedi et dimanche 7 octobre au référendum visant à pérenniser l’interdiction du mariage homosexuel a fait échouer le scrutin, infligeant un revers au gouvernement social-démocrate. Alors que 19 millions d’électeurs étaient appelés à voter, le seuil minimum de 30 % requis pour que cette consultation soit validée n’a pas été atteint. Seuls 20,41 % des électeurs ont voté lors de ce scrutin qui avait débuté samedi. Les partisans de cette consultation controversée ont concédé dimanche leur défaite.

Appelés à inscrire dans la loi fondamentale que seuls « un homme et une femme » peuvent s’unir et non plus des « époux », comme stipulé actuellement, les Roumains sont restés chez eux par indifférence ou par défiance, après une campagne aux accents outrageants envers les homosexuels, décrits comme des « voleurs d’enfants », des « pédophiles » ou des « malades mentaux ».

Le référendum avait été initié par des ONG proches de la puissante Eglise orthodoxe et réunies au sein d’une « Coalition pour la famille », qui ont assuré avoir recueilli trois millions de signatures d’opposants au mariage gay. Les résultats, qui seront annoncés lundi, devraient confirmer l’avance du « oui » au changement consitutionnel, mais les partisans de cette consultation controversée ont déjà concédé leur défaite.

« Nous n’avons pas atteint notre but, nous le ferons la prochaine fois », a assuré le président de cette coalition, Mihai Gheorghiu. « C’est un échec pour les Roumains et pour la Roumanie », a lancé le secrétaire-général des sociaux-démocrates (PSD) Codrin Stefanescu, dénonçant le « boycott d’une démarche civique ».

Aucun changement

Sur le fond, cette consultation ne change rien puisque la législation roumaine n’autorise ni le mariage entre personnes de même sexe, ni l’union civile. Une modification constitutionnelle devait seulement vérouiller davantage cette interdiction.

Les adversaires du scrutin fustigaient également un vote qui alimentait l’homophobie, éloignant la Roumanie des valeurs progressistes, et dont l’enjeu était de faire oublier les déboires du parti social-démocrate (PSD) au pouvoir.

A contre-courant des gauches européennes, les leaders des sociaux-démocrates roumains ont en effet pris fait et cause pour les défenseurs de la « famille traditionnelle » réunis autour d’une « initiative citoyenne » qui est à l’origine du référendum, avec le soutien actif de l’Eglise orthodoxe.

Dans la capitale, les bureaux de vote restaient souvent déserts, les rares votants étant des retraités. Leur faible mobilisation s’explique aussi par l’absence d’enjeu pour les maires, qui ont rechigné à faire campagne, et par une baisse de confiance dans l’Eglise orthodoxe, qui « ne rapporte plus de voix », selon lui.