Plusieurs Congolais ont été tués en Angola en marge d’une opération lancée par Luanda pour expulser les étrangers en situation irrégulière, selon des sources des deux pays. Lundi 8 octobre, des médias angolais ont rapporté que des violences dans la ville de Lucapa (nord), dans la province angolaise du Lunda Norte voisine de la République démocratique du Congo (RDC), avaient fait onze morts, dix Congolais et un policier angolais, depuis mercredi. Ce bilan a été confirmé à l’AFP par José Zeca Mutchimapar, chef d’un groupe qui milite pour l’autonomie de la région.

En RDC, un « comité des Congolais vivant en Angola » a avancé le chiffre de quatorze Congolais tués samedi dans des affrontements avec la police angolaise à Lucapa. Interrogé par l’AFP, un porte-parole de la police locale angolaise, Rodrigues Zeca, a catégoriquement démenti : « C’est un mensonge. Il n’y a pas eu quatorze morts et pas de policier tué ici. Les Congolais illégaux veulent créer une tempête dans un verre d’eau pour profiter de la situation. »

3 000 diamants et 150 véhicules

Les autorités angolaises ont lancé dans la région une opération visant, selon le porte-parole du gouvernement provincial Armando Cipema, « les étrangers en situation irrégulière, notamment dans les maisons d’achat de diamants ». Les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation de 800 personnes, dont des Congolais, des Libanais, des Maliens et des Nigérians, a annoncé le porte-parole de l’opération, Antonio Bernardo. Elles ont aussi saisi quelque 3 000 diamants, 150 véhicules et plus de 80 000 dollars (environ 70 000 euros). Selon des médias angolais, cette opération a provoqué de violents affrontements entre la population locale et des étrangers, entraînant l’intervention de la police.

Au moins 6 000 Congolais ont passé la frontière pour rentrer dans leur pays, selon Kinshasa. Le poste frontière de Kamako « est submergé, il n’y a aucune assistance », a déclaré à l’AFP Jean Kambamba, chef d’antenne du programme de l’hygiène aux frontières en poste à Kamako (Kasaï) : « Il y a des refoulés et des retours volontaires. Les refoulés sortent totalement démunis. Ils racontent qu’ils ont été pris dans les puits de diamants ou dans les rues par la police angolaise, qui les a embarqués dans des camions pour les reconduire à la frontière. »

Selon M. Bernardo, l’Angola, qui compte quelque 27 millions d’habitants, abrite 3 millions de citoyens étrangers, dont environ la moitié de façon illégale, essentiellement dans les zones d’exploitation du diamant, une des principales ressources du pays.