Le responsable tchétchène de l’ONG Memorial, actuellement en détention, reçoit le prix des droits de l’homme Vaclav-Havel
Le responsable tchétchène de l’ONG Memorial, actuellement en détention, reçoit le prix des droits de l’homme Vaclav-Havel
Le combat d’Oïoub Titiev, « éminent défenseur des droits humains » est soutenu ainsi par le Conseil de l’Europe.
Oïoub Titiev, en détention en septembre 2018. / MUSA SADULAYEV / AP
Le Conseil de l’Europe a décerné lundi 8 octobre le prix des droits de l’homme Vaclav-Havel 2018 à Oïoub Titiev, responsable en Tchétchénie de l’organisation non gouvernementale russe Memorial, actuellement emprisonné à Grozny.
Congratulations to Oyub Titiev, the head of the Grozny office of the Memorial Human Rights Center in Chechyna, who… https://t.co/jZ5JJARYRe
— PACE_News (@PACE)
Ce prix, doté de 60 000 euros, récompense un « éminent défenseur des droits humains », qui « a dénoncé les abus commis par les forces de l’ordre et les autorités locales » en Tchétchénie, a déclaré la présidente de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), la Suissesse Liliane Maury-Pasquier.
« Ce prix est une manifestation de reconnaissance par rapport au travail que lui-même et Memorial mènent. C’est aussi un message à toutes celles et ceux qui travaillent dans cette région pour affirmer les principes de l’Etat de droit et des droits humains : continuez votre action », a poursuivi la présidente de cette assemblée, rassemblant plus de 300 parlementaires des 47 pays membres du Conseil de l’Europe.
Outre Oïoub Titiev, deux autres candidats avaient été présélectionnés pour recevoir le prix Vaclav-Havel : la militante cubaine Rosa Maria Paya, présente lundi à Strasbourg, et le défenseur des droits humains à Bahreïn, Nabeel Rajab, en prison depuis 2016.
Arrestation arbitraire
Memorial, la plus ancienne association russe de défense des droits humains, créée en 1989, subit depuis de nombreuses années une pression constante des autorités russes.
Oïoub Titiev, 61 ans, son responsable en Tchétchénie, république russe du Caucase, a été arrêté en janvier par la police, qui affirme avoir découvert dans sa voiture de la drogue, placée selon lui à son insu. Actuellement jugé à Grozny, il risque jusqu’à dix ans de prison.
« Dans ma patrie, en Tchétchénie, cela fait longtemps que les arrestations arbitraires sont devenues systémiques », a dénoncé M. Titiev dans un message lu en russe, dans l’hémicycle de l’APCE à Strasbourg, par Alexandre Tcherkassov, responsable de Memorial.
« Tout ce travail de défense des droits de l’homme en Tchétchénie et en Russie doit se poursuivre et la communauté internationale peut nous y aider », a plaidé Oïoub Titiev dans son message.
Crise entre la Russie et l’APCE
Membre du Conseil de l’Europe, la Russie est en pleine crise avec l’organisation intergouvernementale de défense des droits de l’homme et de la démocratie. En guise de condamnation à l’annexion de la Crimée en 2014, l’APCE avait suspendu les droits de vote des 18 parlementaires russes et, en réaction, la Russie a décidé d’arrêter de verser sa participation au budget du Conseil de l’Europe. Les parlementaires de l’APCE doivent justement débattre mardi d’un éventuel changement de règles, qui pourraient permettre une sortie de crise avec Moscou.
Créé en 2013, le prix Vaclav-Havel récompense des actions exceptionnelles de la société civile dans la défense des droits humains. En 2016, il avait été décerné à Nadia Murad, ex-esclave yézidie du groupe Etat islamique, qui vient de recevoir le prix Nobel de la paix, et en 2017, à Murat Arslan, magistrat turc emprisonné au moment des purges ayant suivi le coup d’Etat manqué de juillet 2016.