Hervé Berville dans sa circonscription des Côtes-d’Armor le 6 juin 2017. / DAMIEN MEYER / AFP

Le député grimpe quatre à quatre les marches qui conduisent à la salle du conseil municipal. Hervé Berville s’installe au fond, juste en-dessous du portrait d’Emmanuel Macron. L’élu La République en marche des Côtes-d’Armor est familier des lieux : c’est ici, à Pluduno, qu’il a grandi. Il connaît bien aussi Michel Raffray, le maire de la commune, qui a vu pousser ce trentenaire devenu député. « On a nos 06 respectifs, comme disent les jeunes », se félicite l’édile local en montrant son téléphone portable. L’échange est pourtant tendu ce lundi 8 octobre, lors d’une rencontre avec les élus municipaux. « On perçoit d’ici les effets et les méfaits des lois votées, commence le maire. On ne serait ni bretons ni ruraux si on n’avait pas quelques sujets de mécontentement. »

Depuis sa mairie, Michel Raffray raconte le quotidien de sa commune de 2 300 habitants. « Depuis qu’il n’y a plus de curé, on est un peu, nous les maires, devenus les confesseurs, et je sens un mal-être ambiant. » Dans sa bouche, se dessine une sensation « d’éloignement » entre les politiques gouvernementales nationales et certaines réalités locales. « Ça ne date pas d’aujourd’hui ! », lui rappelle Hervé Berville, assis à sa gauche. « Oui mais il y a une addition de choses qui pénalisent le monde rural, le met en garde le maire. On sent une montée du décalage entre les gens de la campagne et les Parisiens. »

« Mon budget gasoil me tue »

Une mesure illustre en particulier cette usure de plus en plus reprochée au pouvoir macroniste : la taxation du diesel. En 2017, le gouvernement a décidé d’augmenter la fiscalité sur ce carburant pollueur. En ligne de mire : la lutte contre le réchauffement climatique. L’effet boomerang est perçu ici, à Pluduno. « Mon budget gasoil me tue », réagit une habitante présente lors d’une seconde rencontre avec des habitants. « J’en suis à 200 euros de gasoil, je dois faire 30 kilomètres pour aller au travail, je dois encore payer ma maison et je gagne à peine 1 500 euros. Comment je fais ? » s’indigne cette mère de famille.

Dans la salle, comme elle, plusieurs participants ont vu leur plein de carburant augmenter de « 20 ou 30 euros » ces derniers mois, à la faveur de la hausse des taxes, mais aussi de celle du prix du pétrole. « C’est lié à notre politique, mais aussi au contexte international », insiste Hervé Berville face aux quelque 70 personnes venues l’écouter.

Pour faire face à ce mécontentement qui gronde, La République en marche incite ses députés à aller faire « de la pédagogie ». Porte-parole de la majorité, Hervé Berville en est familier et s’échine à distiller les mesures prises pour le gouvernement en faveur des plus démunis et des territoires ruraux. « Le plan santé permettra de lutter contre les déserts médicaux, on a investi dans la fibre… », précise-t-il. « Il faut aussi que les collectivités suivent ! », insiste le député. Et de rappeler que « la prime à la conversion des véhicules est utilisée à 95 % par des automobilistes hors Ile-de-France, c’est une mesure pour la ruralité ! ». « Ce ne sont pas toujours des grandes mesures renversantes qui font la une des journaux, il y a des choses qui ne sont pas palpables tout de suite, mais je suis sûr que ça va porter ses fruits », poursuit-il, convaincu. Et espérant convaincre.