Discrimination : Harvard accusée de sous-noter les étudiants américains d’origine asiatique
Discrimination : Harvard accusée de sous-noter les étudiants américains d’origine asiatique
Le processus d’admission de la plus prestigieuse université américaine est au cœur d’un procès, qui s’est ouvert lundi à Boston.
Les débats se sont ouverts au tribunal fédéral de Boston devant la juge Allison Dale Burroughs pour un procès sans jury censé durer environ trois semaines. / BRIAN SNYDER / REUTERS
Harvard discrimine-t-elle les étudiants d’origine asiatique ? Le processus d’admission de la plus prestigieuse université américaine est au cœur d’un procès, qui s’est ouvert lundi 15 octobre, à Boston, avec dans le viseur la politique de « discrimination positive » des universités américaines dénoncée par les conservateurs, favorisant l’entrée à l’université d’étudiants issus de minorités ethniques. Les débats se sont ouverts au tribunal fédéral de Boston devant la juge Allison Dale Burroughs pour un procès sans jury, censé durer environ trois semaines.
D’un côté, la plus vieille université des Etats-Unis, qui nie toute discrimination antiasiatique mais revendique des critères plus larges que l’excellence académique, y compris des critères de personnalité, au nom du maintien de la « diversité » de son campus. Harvard fait aussi valoir que la proportion d’étudiants américains d’origine asiatique a augmenté substantiellement depuis 2010, pour représenter aujourd’hui près de 23 % des quelque 2 000 étudiants admis en première année, contre 15 % de Noirs et 12 % d’Hispaniques, sur quelque 40 000 candidats.
De l’autre, une organisation baptisée « Students for fair admissions » (« étudiants pour des admissions justes »), dirigée par le militant conservateur blanc Edward Blum, qui a déjà attaqué en justice la politique d’« action positive » de l’université du Massachusetts. La Cour suprême américaine lui a donné tort en 2016, avalisant la politique de l’université.
« Le loup de la discrimination raciale »
Lundi, son avocat Adam Mortara a affirmé que les critères de personnalité de Harvard avaient pour effet d’éliminer nombre d’étudiants d’origine asiatique, au profit des Noirs, des Hispaniques et des Blancs. Harvard a « laissé le loup de la discrimination raciale entrer par la grande porte », a déclaré en ouverture du procès M. Mortara, cité par le Boston Globe. Mais selon l’avocat de l’université, Bill Lee, Havard ne saurait atteindre ses objectifs pédagogiques sans inclure les origines ethniques dans sa réflexion, même si « la race n’est jamais négative », a-t-il assuré.
L’administration Trump a apporté son soutien à la fin du mois d’août à la plainte de M. Blum, affirmant que le processus d’admission de Harvard « désavantageait de manière significative » les étudiants d’origine asiatique.
La célèbre université de Cambridge, dans le Massachusetts, avait été assignée en justice en 2014 par Students for fair admissions pour ses préférences accordées aux candidats de première année blancs, noirs et hispaniques, aux dépens d’étudiants asiatiques plus méritants. En juin, l’association avait ajouté à son assignation des documents indiquant que des chercheurs de Harvard avaient analysé la politique d’admissions en 2013, mettant en évidence une politique défavorable aux candidats d’origine asiatique, aux résultats académiques en moyenne supérieurs à ceux des autres groupes ethniques. L’étude avait montré qu’en raison de cette politique, ils représentaient seulement 19 % des étudiants admis, alors qu’ils seraient 26 % sur l’ensemble des critères d’admission non raciaux et 43 % sur les seuls critères académiques.
Quelle que soit l’issue du procès, tout le monde s’attend à ce que ce débat ultrasensible sur l’influence de la « race » dans les admissions universitaires, qui oppose depuis des années conservateurs et démocrates, remonte jusqu’à la Cour suprême. Cela viendrait tester la nouvelle majorité conservatrice obtenue avec l’arrivée récente du juge Brett Kavanaugh au sein de la plus haute instance judiciaire américaine.