Inondations : l’Aude meurtrie panse ses plaies et évalue les dégâts
Inondations : l’Aude meurtrie panse ses plaies et évalue les dégâts
Au moins onze personnes sont mortes dans ces intempéries. Le gouvernement a annoncé une « procédure de catastrophe naturelle accélérée ».
A Villegailhenc dans l’Aude, le 15 octobre. / JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS
Après des inondations meurtrières, l’Aude commençait, mardi 16 octobre, à panser ses plaies et à évaluer l’ampleur des dégâts, tout en surveillant avec anxiété les crues des cours d’eau.
Le bilan humain des intempéries, qui a fluctué tout au long de la journée de lundi au gré des communiqués officiels, est très lourd : au moins onze personnes ont été tuées dans la nuit de dimanche à lundi à la suite des violents orages.
Les écoles seront fermées mardi et les transports scolaires suspendus dans tout le département. Dans la soirée de lundi, plus de 1 500 foyers étaient privés d’électricité.
Polémique sur le système d’alerte
Le premier ministre Edouard Philippe, qui s’est rendu sur place, a estimé que cet épisode météorologique était « par lui-même imprévisible ». Une manière de dégonfler une polémique naissante : des habitants se plaignant d’avoir été mal informés de l’intensité à venir des orages. Le porte-parole du ministère de l’intérieur, Frédéric de Lanouvelle, a, lui, évoqué « une fragilité » dans le système de prévention de Météo France. « La vigilance orange est très souvent utilisée et quand il y a un vrai problème, les gens n’en tiennent plus compte », a-t-il souligné.
A Villegailhenc dans l’Aude, le 15 octobre. / ERIC CABANIS / AFP
« J’ai tout perdu, ordinateur, télé, les papiers… On ne peut plus habiter ici. Quel carnage ! C’est toutes les maisons de la rue qui sont comme ça. On ne s’attendait pas à ça, avec la vigilance orange. Ça ne veut rien dire vigilance orange ! », s’est ainsi emporté un habitant de Villegailhenc, âgé d’une trentaine d’années.
Trois mois de pluie en quelques heures
Cet « épisode méditerranéen de type cévenol », qui figure parmi les intempéries les plus meurtrières dans l’Hexagone depuis une dizaine d’années, a par ailleurs fait huit blessés graves et deux personnes disparues.
Il est tombé en quelques heures l’équivalent de trois mois de pluie. Selon Météo France, l’agglomération de Carcassonne a reçu en l’espace de cinq heures, entre 150 mm et 300 mm d’eau. Au total, « près de 1 000 personnes ont été évacuées et environ 250 sont toujours prises en charge dans les centres d’hébergements ouverts par certaines communes », a détaillé la préfecture.
A Coursan, commune de 6 000 habitants, près de Narbonne, quelque 350 habitants de la rive gauche de l’Aude, le secteur le plus exposé, ont été prévenus des risques d’inondations par les élus et la police municipale. Ces derniers ont été évacués ou priés de gagner les étages avec téléphone portable, couvertures et de quoi s’alimenter, a expliqué à l’Agence France-Presse le maire Edouard Rocher.
Le fleuve est monté entre 8 heures et 14 heures, lundi, d’un centimètre toutes les minutes, son niveau passant d’un mètre à huit mètres dans l’après-midi.
« Procédure de catastrophe naturelle accélérée »
De nombreuses routes étant coupées, plusieurs habitants ont été secourus par hélitreuillage. Quatre communes ont été évacuées : Pezens, Trèbes, Villegailhenc et Villemoustaussou. A Pezens, les résidents ont pu regagner leur domicile.
Dans la salle des fêtes de Trèbes, une centaine de naufragés étaient lundi sous le choc, les yeux dans le vague, après avoir « tout perdu ». « J’ai vu ma grand-mère dans son lit flotter sur l’eau », raconte Pierre, l’air hagard. Il ne sait toujours pas si cette femme grabataire de 97 ans a survécu.
Dans la région de Carcassonne, les champs sont inondés, plusieurs chaussées détruites ou impraticables avec des arbres tombés sur les routes. Des torrents d’eau boueuse enjambent la chaussée, les cours d’eau débordent. Des véhicules ont été emportés par les flots.
Le chef du gouvernement, accompagné du ministre de la transition écologique et solidaire François de Rugy, a annoncé une « procédure de catastrophe naturelle accélérée ». Le président de la République Emmanuel Macron, qui se rendra dans l’Aude « dès que possible » selon l’Elysée, a exprimé « l’émotion et la solidarité de toute la nation envers les victimes ».
Orages et inondations meurtrières dans l’Aude