Xavier Bettel, à Salzbourg (Autriche), le 19 septembre. / Lisi Niesner / REUTERS

C’est un petit miracle, et lui-même n’y croyait pas : le libéral Xavier Bettel devrait rempiler pour un deuxième mandat comme premier ministre du Luxembourg alors que, selon la rumeur, il briguait déjà le poste de futur président du groupe libéral et démocrate au Parlement européen.

« Ce gouvernement n’a pas été puni, il a été confirmé. On a atteint il y a cinq ans un résultat historique, tout le monde nous prédisait une déconfiture, et on s’est bien maintenus », affirmait-il lundi 15 octobre, aux lendemains des élections législatives. Après un temps de réflexion, le chef de l’Etat, le Grand-Duc Henri, l’a chargé de former du nouveau gouvernement mardi soir.

Selon les pronostics, l’élection devait entraîner le retour aux affaires du Parti populaire chrétien social (CSV), qui a longtemps dominé la vie publique du petit pays. Il n’en a rien été : toujours orpheline de Jean-Claude Juncker, qui fut premier ministre de 1995 à 2013, cette formation n’a pas enregistré le succès attendu, reculant de près de 6 % de ses voix.

Son leader, Claude Wiseler, a en outre été battu par M. Bettel en voix dites « de préférence » (qui permettent de faire un choix nominatif en alternative avec des votes pour les listes de partis). Le système luxembourgeois permet, en effet, soit un vote pour une liste, soit un vote pour divers candidats, répartis sur une même liste ou des listes différentes. Le CSV devra se consoler en constatant qu’il reste cependant le premier parti du pays, avec 21 sièges de députés sur 60.

Le Parti démocratique (DP) de M. Bettel a, lui aussi, reculé (- 1 siège), tout comme son allié son socialiste (LSAP, - 3). Sa coalition, qui conserve au total 31 sièges sur 60, a toutefois été sauvée par la progression des Verts (+ 3 sièges) et par le score personnel du ministre socialiste des affaires étrangères, Jean Asselborn. Celui-ci, recordman national des voix de préférence, a limité les pertes de son parti, permettant du même coup à M. Bettel de reconduire son équipe ministérielle.

Le nouveau gouvernement devrait voir le jour en décembre, après la négociation du programme de la coalition. Il devrait être teinté de vert, avec une place plus importante faite au parti Dei Gréng, seul vrai vainqueur de cette élection centrée sur les questions de l’environnement, du logement, de la mobilité et de l’identité luxembourgeoise. Ce dernier thème, partiellement relayé par les libéraux et les écologistes, n’a pas profité à la droite populiste, qui n’a pas réalisé la percée attendue.

La prolongation inattendue du mandat de M. Bettel permettra aussi à ce dernier de poursuivre son alliance avec ses collègues belge et néerlandais, Charles Michel et Mark Rutte, en vue de défendre un programme proeuropéen lors des élections de 2019. Le trio a convié récemment, à Luxembourg, Emmanuel Macron afin de présenter un front uni, censé s’élargir d’ici à mai 2019 pour contrer les forces populistes et antieuropéennes.