Antoine Griezmann célèbre son deuxième but face à l’Allemagne, mardi 16 octobre, au Stade de France. / Christophe Ena / AP

Peu avant le coup de sifflet final, le public du Stade de France lui réserva une belle ovation. A petites foulées, Antoine Griezmann sortit alors du terrain avant d’être félicité par son sélectionneur, Didier Deschamps. Auteur d’un doublé à Saint-Denis, l’attaquant de l’Atlético Madrid a marqué les esprits, mardi 16 octobre, en permettant aux Bleus, menés à la mi-temps, de battre l’Allemagne (2-1) en Ligue des nations.

Bourreau de la Nationalmannschaft (victoire des Tricolores 2-0) à Marseille, en demi-finales de l’Euro 2016, le joueur de 27 ans a une nouvelle fois inscrit deux buts au gardien munichois Manuel Neuer, référence planétaire à son poste. Surtout, en signant ses 25e et 26e réalisations (en 65 sélections) sous le maillot bleu, le Mâconnais confirme son statut de leader offensif des champions du monde.

En mode « collectif »

A la 62e minute, Griezmann s’est élevé pour catapulter de la tête un centre puissant du latéral gauche Lucas Hernandez, son partenaire à l’Atlético Madrid. Avec ce magnifique coup de boule, il a offert l’égalisation à des Tricolores bien mal embarqués depuis l’ouverture du score signée (14e) par Toni Kroos sur penalty. La faute généreusement accordée dans la surface allemande par l’arbitre de la rencontre à Blaise Matuidi (80e) a fait de « Grizou » le buteur providentiel des Bleus. Avec sang-froid, « El Colchonero » a transformé la sentence en prenant à contre-pied Manuel Neuer.

Dans les entrailles du Stade de France, Griezmann a préféré faire profil bas et mettre l’accent sur les vertus du « collectif ». « Après c’est vrai qu’il y en a un offensivement qui va mettre le but, donc on va plus parler de lui. Mais s’il n’y a pas le centre de Lucas [Hernandez], je ne marque pas. S’il n’y a pas l’action de Blaise [Matuidi], je ne marque pas », a déclaré le numéro 7 des Bleus, qui égale la performance de Sylvain Wiltord (26 réalisations en 92 capes) et fait ainsi son entrée parmi les dix meilleurs buteurs de l’histoire de la sélection.

Précieux dans la récupération et les replis défensifs en première période, l’attaquant a profité des changements tactiques de Didier Deschamps à la demi-heure de jeu. Conscient des difficultés éprouvées par ses protégés, le Bayonnais avait judicieusement décidé de replacer Griezmann sur l’aile droite, en troisième attaquant, afin de briser les lignes adverses. Lequel a donné l’impression de reprocher à ses partenaires d’avoir manqué d’agressivité en première période.

« Mais Antoine, il ne pousse pas de coups de gueule. Mais il donne plutôt des coups de tête et ça nous aide bien parfois. Les coups de gueule, c’est plutôt moi qui les pousse », a précisé Didier Deschamps, goguenard, au terme du match.

Le Ballon d’or en ligne de mire

Cinq jours après son piètre nul (2-2) en amical face à l’Islande, à Guingamp, l’équipe de France a su renverser la vapeur face à l’Allemagne du sélectionneur Joachim Löw, au bord du précipice plus de trois mois après son élimination au premier tour du Mondial russe. Les Bleus font un grand pas vers le « final four » de la Ligue des nations : ils n’auront besoin que d’un point face aux Pays-Bas, le 16 novembre à Rotterdam, pour se qualifier pour les demi-finales de l’épreuve, organisées en juin.

Avec sa performance de haute volée lors d’une affiche internationale, Griezmann se replace dans la course au Ballon d’or France Football, qui sera décerné le 3 décembre. La star de l’Atlético Madrid, vainqueur de la Ligue Europa, du Mondial et de la Supercoupe de l’UEFA en 2018, avance ses pions avant la remise du trophée.

A Saint-Denis, en évitant à sa sélection une première défaite depuis mars, le joueur a surtout marqué des points dans la course à distance qu’il livre avec son rival et partenaire Kylian Mbappé, 19 ans. Auteur d’un doublé à Guingamp face à l’Islande, quadruple buteur face à Lyon le 7 octobre, le jeune attaquant du Paris-Saint-Germain donne l’impression de marcher sur l’eau en cette entame de saison. Au point d’éclipser Griezmann, qui n’avait plus marqué en sélection depuis son penalty inscrit en finale du Mondial russe, contre la Croatie (4-2), le 15 juillet.

Au Stade de France, le prodige a, certes, désarçonné la défense allemande par sa vitesse et ses dribbles bluffants. Mais il a manqué de réalisme et échoué à tromper Manuel Neuer. Griezmann et Mbappé ont toutefois affiché leur complicité sur la pelouse dyonisienne et il s’en est fallu d’un cheveu pour que le premier trouve le second (40e) sur une magnifique ouverture dans la surface allemande.

La campagne pour le Ballon d’or, auquel prétend également le défenseur tricolore Raphaël Varane, est pourtant bel et bien lancée. « Ce serait une bonne chose que ce soit un Français qui l’emporte, et si c’est moi, encore mieux », a ainsi confié Griezmann, arrivé troisième lors de la remise du trophée en 2016, au journal espagnol Marca, dimanche 14 octobre. Reste à savoir si sa prestation contre l’Allemagne fera pencher la balance en sa faveur.