Kinshasa exprime son « indignation » après l’expulsion de 200 000 Congolais par l’Angola
Kinshasa exprime son « indignation » après l’expulsion de 200 000 Congolais par l’Angola
Le Monde.fr avec AFP
Le HCR enquête sur le cas de possibles réfugiés figurant parmi les personnes contraintes de rentrer en RDC.
Des migrants congolais qui fuient l’Angola, au village frontalier de Kamako, le 12 octobre 2018. / AFP
Cette fois, Kinshasa a réagi. Le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC) a fait part, mardi 16 octobre, de « toute son indignation et de ses vives protestations » à son voisin angolais, qui a expulsé 200 000 Congolais « au mépris des accords existant en la matière ». Parmi eux, 30 000 l’ont été « brutalement », avec des « pertes en vies humaines », selon les autorités de Kinshasa.
D’après l’Etat angolais, qui a lancé une opération d’ampleur contre l’immigration clandestine, quelque 200 000 Congolais sont rentrés volontairement dans leur pays. Ce que la RDC nuance : « 160 901 Congolais sont rentrés volontairement au cours de ces dernières semaines vers la province du Kasaï [centre], 27 971 compatriotes ont été expulsés brutalement, 1 966 vers la province du Kwango [sud-ouest] ainsi qu’un nombre encore non déterminé qui ont été expulsés vers le Kwilu [au nord du Kwango] dans des conditions très précaires. »
Dans son communiqué rendu public à l’issue d’un conseil des ministres, le gouvernement congolais rappelle son « indignation » et pointe le « non-respect du principe de l’information préalable, faisant obligation à tout pays qui procède à l’expulsion de migrants irréguliers d’en informer préalablement le pays d’accueil des personnes à expulser, en vue d’une meilleure prise en charge de ces dernières ».
Cet épisode vient tendre encore un peu plus les relations entre Kinshasa et Luanda, qui a exprimé à plusieurs reprises son inquiétude quant à la crise politique qui sévit en RDC, où des élections présidentielle, législatives et provinciales doivent se tenir le 23 décembre, avec deux ans de retard.
Cartes de réfugiés déchirées
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué qu’il enquêtait sur le cas de 47 possibles réfugiés figurant parmi les Congolais contraints de quitter l’Angola. « En Angola, le HCR travaille avec les autorités pour que plus de 30 000 réfugiés du Kasaï qui ont fui le conflit en 2016-2017 ne soient pas affectés », poursuit le HCR à Kinshasa. Le conflit dans cette région frontalière a fait plus de 3 000 morts et plus d’un million de déplacés internes à la suite de la mort d’un chef coutumier.
Dans une paroisse de la ville frontalière de Kamako, côté congolais, ce week-end, le correspondant de l’AFP a pu photographier le certificat d’enregistrement, estampillé par le HCR, d’une famille de sept personnes arrivées en Angola en avril 2017. « A Lovua [côté angolais], chaque famille avait reçu un terrain de 25 m2 et le HCR nous avait donné des kits et des cartes de réfugié », a raconté un autre « retourné », Willy Benda, carte du HCR en main.
« Depuis le 1er octobre, les militaires et les policiers angolais campent autour du camp et tout réfugié rencontré en dehors du camp est arrêté et reconduit en RDC, a-t-il ajouté. Certains d’entre nous ont vu leurs cartes de réfugié déchirées par les militaires et les policiers angolais. J’ai réussi à amener ma carte du HCR. Nous demandons aux autorités angolaises de respecter la convention relative aux droits des réfugiés. »