La droite européenne écarte toute sanction contre Viktor Orban
La droite européenne écarte toute sanction contre Viktor Orban
Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen), Jean-Baptiste Chastand
Réunis à Bruxelles, les chefs de file du PPE n’ont pas voulu exclure le premier ministre hongrois, accusé de dérives autoritaires.
Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, lors du mini-sommet européen du 17 octobre à Bruxelles. / Olivier Matthys / AP
« Pas d’exclusion, pas de sanction, rien du tout. » Antonio López-Istúriz, le secrétaire général du Parti populaire européen (PPE), a été très clair mercredi 17 octobre : Viktor Orban, le premier ministre hongrois ultraconservateur, sera autorisé à rester dans la grande formation des conservateurs européens. Critiqué pour ses atteintes à l’indépendance de la justice, à la liberté des ONG ou des universités, l’homme fort de Budapest, adulé par l’extrême droite de tout le Vieux Continent, va pouvoir faire campagne pour les élections européennes sous l’étiquette du PPE.
Depuis que le Parlement européen a voté pour ouvrir une procédure de sanction contre la Hongrie le 12 septembre, y compris grâce à une majorité de voix des eurodéputés PPE, la question de son maintien déchirait la formation. Plusieurs eurodéputés, notamment issus du Benelux ou de Suède, et jusqu’au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avaient demandé qu’une procédure soit lancée pour l’exclure du parti en vue des prochaines élections européennes de mai 2019. Mais réunis en mini-sommet mercredi à Bruxelles, les leaders du parti, dont la chancelière allemande, Angela Merkel, et le chef de file des Républicains, Laurent Wauquiez, ont décidé d’écarter cette possibilité.
« Il y a eu une discussion très franche et très directe mais aucune procédure n’a été discutée », confirme Joseph Daul, le président du PPE. M. Orban n’a même pas eu à rentrer dans le détail des dossiers qui lui sont reprochés, comme les menaces de fermeture qui planent contre l’université d’Europe centrale, fondée et financée par le milliardaire américain d’origine hongroise George Soros. Jusqu’ici, le parti espérait un recul de M. Orban sur ce point pour pouvoir justifier de son maintien. « Viktor Orban s’est engagé à se mettre autour de la table et à discuter. Il répondra à la Commission européenne », affirme désormais M. Daul. Arrivé tout sourire, M. Orban avait devancé un tel résultat, en lançant à la presse : « Nous sommes le PPE ! »
Mercredi soir, même les responsables de droite les plus critiques des dérives du gouvernement hongrois ont fait profil bas. « On continue le dialogue, la question de l’exclusion n’est pas la bonne », défend ainsi le Finlandais Alexander Stubb, un des deux candidats en compétition pour obtenir l’investiture de chef de file du PPE en vue des européennes. Jusqu’ici très critique de M. Orban, il promet désormais qu’une « déclaration des valeurs » sera rédigée lors du congrès du parti organisé à Helsinki, et déclare que l’objectif est que M. Orban la signe. Reste à savoir quel sera son contenu.