A Gaza, les Palestiniens manifestent mais sans s’approcher de la frontière israélienne
A Gaza, les Palestiniens manifestent mais sans s’approcher de la frontière israélienne
Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters
Cent trente Palestiniens ont toutefois été blessés par des tirs israéliens. Des milliers de personnes ont participé à cette manifestation hebdomadaire.
Un manifestant palestinien, vendredi 19 octobre à Gaza. / MOHAMMED SALEM / REUTERS
C’est une nouvelle « marche du retour » marquée par la violence. Cent trente Palestiniens ont été blessés, vendredi 19 octobre, par des tirs israéliens dans la bande de Gaza, alors qu’ils participaient à une manifestation hebdomadaire qui rassemblait plusieurs milliers de personnes.
Lors de ce trentième vendredi consécutif de mobilisation, les protestataires se sont pourtant largement tenus à distance de la barrière frontalière. Des membres des forces de sécurité du Hamas ont, en outre, été vus à un endroit dissuadant les manifestants de s’approcher de la barrière frontalière de plusieurs mètres de haut, derrière laquelle se tiennent les tireurs israéliens.
Journée test
Les tensions montent depuis plusieurs semaines entre Israël et le mouvement islamiste Hamas qui dirige l’enclave, ainsi que ses alliés. Elles font craindre un nouveau conflit dans un territoire éprouvé, qui en a déjà connu trois depuis 2008. La semaine passée, sept Palestiniens avaient été tués lors de la manifestation, et trois autres le vendredi précédent.
Cette journée s’avérait donc comme un test des volontés des deux camps. Du côté israélien, un porte-parole de l’armée a argué du fait qu’un certain nombre de Palestiniens se sont approchés de la barrière frontalière, ont brûlé des pneus et lancé des engins explosifs vers les soldats. « Les soldats ont répliqué avec des moyens antiémeutes et à balles réelles selon les règles d’engagement en vigueur », a-t-il ajouté. Mais, « globalement, [les Palestiniens] gardent leurs distances », a-t-il confirmé.
Israël avait laissé entendre avant cette journée être prêt à une riposte vigoureuse après avoir été visé par deux tirs de roquettes mercredi. L’une avait détruit une maison, dont trois enfants et leur mère venaient à peine de sortir. Le Hamas a démenti être derrière les tirs de roquettes de mercredi et a accusé des éléments « irresponsables » de chercher à torpiller les efforts de trêve onusiens et égyptiens.
« Eviter l’escalade »
L’aviation israélienne avait mené en représailles des raids contre une vingtaine de cibles militaires. Dans un apparent avertissement, Israël a positionné des dizaines de chars et de véhicules blindés au nord de la bande de Gaza.
L’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, avait appelé vendredi matin Israéliens et Palestiniens « à faire montre de retenue (…) et à éviter l’escalade ». Il avait laissé entendre sur Twitter qu’il fallait laisser leur chance aux efforts menés depuis des semaines par le voisin égyptien et l’ONU pour empêcher l’escalade. Une délégation égyptienne se trouvait d’ailleurs jeudi à Gaza et a encouragé la direction du Hamas à faire en sorte que les rassemblements de vendredi ne dégénèrent pas, a affirmé un responsable égyptien sous le couvert de l’anonymat.
Depuis le 30 mars, plusieurs milliers de Gazaouis manifestent régulièrement le long de la barrière frontalière, donnant lieu à des heurts avec les soldats israéliens. L’armée israélienne et les groupes palestiniens ont échangé à plusieurs reprises des tirs de roquettes, d’obus et de missiles. Au moins 207 Palestiniens ont été tués depuis cette date. Un soldat israélien a trouvé la mort.