Dans un hypermarché Carrefour, à Nice, en avril 2016. / Eric Gaillard / REUTERS

Danone, Mars, Nestlé, Lactalis, Coca-Cola… Toutes les grandes multinationales se ruent vers le bio. Pas une semaine sans qu’une de ces entreprises n’annonce la déclinaison d’une de ses marques sous le label de la feuille verte. A l’exemple du yaourt Danone, des céréales Ebly, du jambon Herta, du beurre Président ou de la boisson au thé Honest.

« Les très grands groupes sont en retard sur le bio. Ils ne représentent que 11 % de ce marché », estime Emily Mayer, de la société d’études IRI, qui met en exergue leur volonté de rattraper la distance concédée. De janvier à fin septembre, on constate un quasi-doublement de leur offre. »

Il est vrai que la progression de 17 % des achats de produits agroalimentaires bio par les Français, en 2017, pour un montant global de près de 8,4 milliards d’euros, a de quoi faire saliver les industriels. Mais aussi la grande distribution, qui en a fait un de ses axes majeurs de développement et souhaite donc garnir au mieux ses rayons.

Le made in France a ses limites

Cette conversion des grandes marques de l’agroalimentaire ne va pas sans poser des questions. Elles n’ont, pour la plupart, pas pris le temps de créer des filières d’agriculture biologique en France, et jouent donc l’opportunisme à l’heure de sourcer les matières premières.

Ainsi, sur le paquet de céréales bio Ebly, le drapeau tricolore s’affiche. Un made in France revendiqué sur ce produit, premier pas sur le marché du bio de cette marque contrôlée par l’américain Mars en partenariat avec la coopérative française Axéréal. Comme toute la gamme Ebly, il est conditionné, il est vrai, dans son usine de Marboué, en Eure-et-Loir. Mais le made in France a ses limites. Les céréales siglées bio contenues dans le paquet, couscous, quinoa noir et graine de lin, n’ont jamais pris racine en France. Le couscous provient d’Italie, le quinoa d’Amérique du Sud et les graines de lin du Royaume-Uni.

De même, Nestlé a suscité la polémique en lançant, en septembre, la version bio de sa purée en paillettes sous la marque Mousline. Là encore, elle est fabriquée en France, dans la Somme, mais avec des pommes de terre allemandes. Le jambon bio n’a, lui, encore que peu de chance d’être issu de porcs élevés dans l’Hexagone. L’élevage bio ne représente que 3 % de la production porcine française, une des filières les plus en retard dans la conversion. Les grands groupes s’approvisionnent souvent au Danemark. Quand l’industriel s’empare du bio, pas sûr qu’il rime avec local…