Entre 25 et 34 ans, une femme sur cinq dit avoir subi un rapport sexuel forcé ou une tentative
Entre 25 et 34 ans, une femme sur cinq dit avoir subi un rapport sexuel forcé ou une tentative
Le Monde.fr avec AFP
L’étude de Santé publique France le « Baromètre santé 2016, genre et sexualité, d’une décennie à l’autre » a été réalisée avant l’avènement des mouvements de libération de la parole.
Une femme sur cinq âgée de 25 à 34 ans a subi un rapport sexuel forcé ou une tentative, d’après une grande enquête réalisée en France avant l’avènement des mouvements de libération de la parole comme #metoo et #balancetonporc. Les résultats de cette étude témoignent d’« une plus grande facilité à déclarer des violences sexuelles », a souligné la sociologue et directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) Nathalie Bajos en présentant mardi 23 octobre ce travail dont elle est coauteure. Sans pour autant que cela traduise nécessairement, d’après elle, une augmentation de la fréquence des abus.
Cette étude de Santé publique France, le « Baromètre santé 2016, genre et sexualité, d’une décennie à l’autre » a été réalisée par téléphone en 2016 auprès d’un échantillon représentatif de plus de 15 000 personnes âgées de 15 à 75 ans.
La libération de la parole y est en particulier beaucoup plus perceptible chez les femmes que dix ans auparavant, lors de la précédente enquête. Ainsi parmi les 18-69 ans, 18,9 % des femmes déclarent avoir déjà été confrontées à des tentatives ou à des rapports sexuels forcés (contre 15,9 % en 2006).
Violences avant 18 ans
Chez les femmes de 25-34 ans, cette proportion de rapports forcés ou tentatives atteint même 21 % des réponses, soit, dans cette tranche d’âge, « une femme sur cinq qui déclare avoir été confrontée à un viol ou à une tentative », souligne la sociologue. Chez les hommes de 18-69 ans, ces déclarations restent au même niveau (5,4 % contre 4,5 %).
La première expérience de ces violences survient majoritairement avant 18 ans, dans 47,4 % des cas pour les femmes et 60,2 % pour les hommes. Chez les 15-17 ans, 8 % des jeunes femmes disent avoir déjà été confrontées à des rapports forcés ou à des tentatives de rapport forcé contre 1 % des jeunes hommes.
La grande majorité des jeunes déclare avoir souhaité leur premier rapport, mais les femmes sont un peu moins nombreuses que les hommes dans ce cas (87,6 % contre 92,8 %). En même temps, plus d’une femme sur dix déclare avoir cédé aux attentes de son partenaire lors de ce premier rapport, et près de 2 % disent y avoir été forcées.
Campagne de prévention
Si la parole se libère, la prévention est indispensable, car ces violences subies ont un impact important sur la santé, souligne Santé publique France. L’agence sanitaire a donc lancé une campagne, d’octobre à novembre, sur son site Onsexprime.fr, à destination des adolescents : quatre jeunes témoignent de leur expérience dans des podcasts qui s’achèvent par un message rappelant l’importance de se parler et de s’écouter. La campagne est relayée sur les radios et plates-formes audio et les réseaux sociaux.
Contrairement à certains discours, « la sexualité avant 15 ans n’augmente pas, en fait le pourcentage de ceux qui débutent leur vie sexuelle avant cet âge est extrêmement stable au fil du temps et des générations (6,9 % pour les filles et 16,5 % pour les garçons) », relève Nathalie Bajos. Et l’âge médian d’entrée dans la sexualité s’est stabilisé ces dix dernières années (17,6 ans pour les filles et 17,0 pour les garçons).
Les modes de rencontre évoluent avec un net effet dans certaines tranches chez les garçons. 28 % des hommes de 25-34 ans ont déjà rencontré un partenaire sexuel via Internet et plus d’un quart des 20-24 ans.
L’étude met également en lumière la persistance de « représentations figées », remarque la sociologue. « L’amour et la tendresse » sont le principal motif du premier rapport sexuel pour plus d’une jeune fille sur deux parmi les 18-29 ans, (contre 25,9 % chez les garçons) tandis que le « désir » reste le motif déterminant de près de la moitié des garçons (contre 25,8 % chez les filles).