Le président burundais Pierre Nkurunziza à Bugendana, dans le centre du pays, le 7 juin 2018. / STR / AFP

Le gouvernement burundais a annoncé qu’il serait absent de la dernière session du dialogue de sortie de crise au Burundi, prévue à partir de ce mercredi à Arusha, en Tanzanie, et destinée à évoquer l’organisation d’élections inclusives en 2020. « Le mois d’octobre étant un mois de deuil au Burundi, le gouvernement a suggéré un report de la session que la facilitation a convoqué ce 24 octobre et garde l’espoir que cette dernière s’associe, comme d’accoutumée, aux Burundais dans ces moments de tristesse », a annoncé mardi soir le gouvernement sur son compte Twitter.

Le Burundi a commémoré le 13 octobre l’assassinat en 1961 du « héros de l’indépendance », le prince Louis Rwagasore, et le 21, celui du « héros de la démocratie », Melchior Ndadaye, le premier président hutu démocratiquement élu en 1993.

Le parti au pouvoir au Burundi, le CNDD-FDD, a également indiqué mardi 23 octobre dans la presse locale qu’il ne serait pas représenté à Arusha si le gouvernement du Burundi et la facilitation ne s’accordaient pas sur les personnes qui « prendront part à la session de la signature de la feuille de route menant vers les élections de 2020 ».

« Un prétexte fallacieux et enfantin »

La vingtaine de partis proches du régime burundais ont annoncé dans la foulée qu’ils boycotteraient une réunion « à laquelle le gouvernement ne participe pas ». « Aucun représentant du pouvoir et des alliés ne se trouve jusqu’ici à Arusha alors qu’on leur a envoyé des billets pour mardi depuis quelques jours. Des discussions sont toujours en cours avec le gouvernement, mais je ne suis pas très optimiste », a confirmé à l’AFP une source proche du facilitateur, l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa.

Seuls une vingtaine de leaders de l’opposition interne et externe ont donc atterri à Arusha depuis mardi pour participer à cette session présentée comme celle de la dernière chance. « C’est un prétexte fallacieux et enfantin, car ce gouvernement n’a jamais décrété un seul jour de deuil pour ces deux héros depuis qu’il est au pouvoir », a réagi auprès de l’AFP Anicet Niyongabo, secrétaire général du Cnared, la plate-forme regroupant l’opposition extérieure, joint au téléphone à Arusha. « Ça montre une fois de plus que le pouvoir du CNDD-FDD n’a jamais voulu négocier avec son opposition pour sortir le Burundi de la crise », a-t-il poursuivi, appelant la facilitation à ne pas reculer.

Le Burundi est en crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé. Sa réélection en juillet de la même année a déclenché une crise qui a fait au moins 1 200 morts et déplacé plus de 400 000 personnes. Ces violences ont poussé la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête. Le président Nkurunziza a annoncé son intention de ne pas se représenter en 2020.