Les sans-abri à Paris : 12 % de femmes, des problèmes de santé et un faible recours au 115
Les sans-abri à Paris : 12 % de femmes, des problèmes de santé et un faible recours au 115
En s’appuyant sur les données récoltées lors de la Nuit de la solidarité, organisée en février, l’Atelier parisien d’urbanisme fait état d’une population plus féminisée.
Dans les marges de la capitale vit sans abri l’équivalent de la population d’une petite ville. Les volontaires qui ont sillonné Paris lors de la Nuit de la solidarité, organisée entre le 15 et le 16 février par la mairie pour recenser les sans-abri, ont dénombré 3 035 personnes dépourvues de solution d’hébergement, selon les chiffres définitifs publiés dans un rapport, jeudi 18 octobre, par l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR). Cette association, majoritairement financée par la mairie et le département de Paris, a réalisé une étude détaillée de la situation des sans-abri en analysant les résultats des questionnaires renseignés par une partie des personnes à la rencontre desquelles se sont rendus les volontaires.
Cette enquête est inédite par son exhaustivité. La capitale a été quadrillée dans sa totalité alors que les études précédentes se concentraient sur des échantillons urbains. Ses résultats peuvent toutefois être comparés, bien qu’avec réserve, aux conclusions d’enquêtes antérieures.
Alors qu’en 2012 la proportion de femmes recensée par l’Insee était de 2 %, elles comptent pour 12 % des personnes ayant répondu au questionnaire des volontaires de la Nuit de la solidarité. Possiblement plus nombreuses qu’autrefois, les femmes subissent aussi des situations généralement plus précaires que celles des hommes. Seule une femme sur dix a dit aux enquêteurs être suivie par un travailleur social, et elles bénéficient moins souvent que les hommes d’une couverture maladie.
Faible recours aux dispositifs d’hébergement
Un autre enseignement de l’enquête confirme la faiblesse du recours aux dispositifs d’hébergement existants par les personnes sans abri. Près d’une sur deux n’a en effet jamais été hébergée, et autant disent souffrir de problèmes de santé. Si une partie de ceux qui restent éloignés de ces structures sont en rupture avec la société et ne peuvent pas envisager de quitter leurs lieux d’ancrage dans la rue, d’autres font à cet égard un choix rationnel motivé par le manque d’hygiène de ces espaces ainsi que par le manque d’intimité et de sécurité qui y est associé.
L’analyse des résultats de l’enquête aboutit à la formulation, par l’APUR, de plusieurs profils de personnes sans abri. L’un des plus importants regroupe les jeunes arrivés à Paris récemment et tombés simultanément dans l’errance. Vivant souvent sous tente dans le nord de la capitale, ils sont parmi les moins encadrés par des structures d’assistances, dont ils ne sont pas familiers. Les sans-abri âgés, à la rue depuis plus longtemps, comptent pour un tiers des personnes interrogées et, bien qu’ils connaissent le 115, n’y ont généralement pas recours. Seuls 18 % des sans-abri qui ont répondu au questionnaire de la Nuit de la solidarité utilisent régulièrement les dispositifs d’assistance.
Un recensement de ce type interviendra dorénavant tous les trois ans, et les résultats de cette première enquête fournissent aux prochaines éditions une base de comparaison. Sur la question des sans-abri, alors que la baisse hivernale des températures approche, les chiffres comptent. En janvier 2018, le secrétaire d’Etat à la cohésion des territoires, Julien Denormandie, soutenait, à tort, que la population de personnes sans-abri dans Paris était limitée à une cinquantaine d’hommes isolés.
L'appel au 115
Durée : 02:14