A Bercy, le tennis français espère une embellie
A Bercy, le tennis français espère une embellie
Pour leur dernier tournoi d’une saison qui vire au noir, les joueurs français veulent marquer des points à domicile, à un mois de la finale de la Coupe Davis.
Richard Gasquet (ici à Shanghaï, le 10 octobre) est le numéro un français, 28e au classement ATP. / Andy Wong / AP
Le 25 novembre au soir, la France sera peut-être double championne du monde en titre en tennis. Oui, mais… Si d’aventure les joueurs français soulèvent le saladier à Lille face à la Croatie de Marin Cilic et Borna Coric, une victoire en Coupe Davis risque de ne pas suffire à faire oublier ce qu’il faut bien appeler une annus horribilis. Il n’est pas du tout certain que la tendance s’inverse cette semaine à Bercy, avec le dernier Masters 1000 de la saison, dans lequel ils sont une dizaine à être engagés. Même si l’enjeu sera surtout d’éblouir le capitaine Noah pour gagner sa place de titulaire au sein de l’équipe qui sera du voyage à Lille.
Certes, autant les Français sont souvent perméables à la pression à Roland-Garros, autant dans le 12e arrondissement parisien, sur une surface rapide (résine sur bois) qui leur convient – presque à tous – mieux, on ne peut pas dire qu’ils ont démérité ces dernières années : un titre (en 2008) et une finale (2011) pour Jo-Wilfried Tsonga ; deux finales pour Gaël Monfils (2009 et 2010), une demi-finale pour Mickaël Llodra et Gilles Simon en 2012, de même que Julien Benneteau l’an dernier au terme d’un joli hold-up (Shapovalov, Tsonga, Goffin, Cilic).
Sauf que, cette saison, pas un joueur français ne peut surfer sur ses résultats pour espérer briller, même à domicile. Pour la première fois depuis 2006, le top 20 est dépourvu du moindre représentant tricolore. Le premier au classement cette semaine ? Richard Gasquet (28e), qui est le seul à s’être hissé en quarts de finale d’un Masters 1000 depuis janvier (à Monte-Carlo, battu par Zverev). Il est suivi par Monfils (30e), Simon (31e) et Pouille (32e), Chardy et Mannarino venant un peu plus loin (40e et 46e), Paire et Herbert apparaissant encore plus profondément dans le classement (56e et 57e).
Jo-Wilfried Tsonga, qui trusta longtemps la place de numéro un français, a été éjecté ce mois-ci du top 100. Absent des courts depuis son opération au ménisque gauche début avril, il a repris la compétition six mois plus tard à Metz. Après 589 semaines parmi la crème du circuit, Tsonga, 33 ans, est désormais relégué loin derrière, à la 256e place.
Ni les jambes ni la tête
En dix mois, tous les joueurs français sont d’ailleurs passés par la case infirmerie, pour un poignet douloureux (Monfils, qui a abandonné à l’US Open ; Gasquet, qui s’est retiré à Vienne fin octobre), pour une jambe flageolante (Chardy, qui a dû renoncer au tournoi de Moscou), pour un problème aux ischio-jambiers (Herbert), au cou et au muscle fessier (Pouille).
Et quand ce n’est pas le corps qui flanche, c’est la tête. En mars, Lucas Pouille devenait le 12e Français à intégrer le top 10. Sept mois après, il a perdu vingt places après une saison quasi blanche depuis son titre à Montpellier et ses finales à Marseille et Dubaï, en février. Le Nordiste affiche des statistiques affolantes : il pointe à 48 % de victoires sur le circuit et n’a plus remporté plus de deux matchs dans un même tournoi. En vingt-deux tournois, il a été éliminé dix fois d’entrée.
Mais dimanche, à la veille du début du tournoi de Bercy, Pouille préférait s’ôter toute pression supplémentaire : « En tout cas, je ne suis pas ici pour montrer quelque chose à Yann. Au début, la sélection pouvait me bouffer la tête, mais plus maintenant », a-t-il tenté de convaincre, dans Le Parisien.
Quant à Gaël Monfils, après avoir alterné le très bon ces dernières semaines (finale à Anvers) et le très mauvais (défaites au premier tour à Chengdu, Pékin et Shanghaï), il s’est rayé de la liste des engagés pour Bercy la veille de son entrée en lice à Vienne, alors que son classement lui aurait permis d’intégrer le tableau final à la suite de plusieurs forfaits.
Sans doute a-t-il jugé, fataliste, que ses chances d’être à Lille étaient quasi nulles, lui qui n’a plus joué une rencontre de Coupe Davis depuis que Noah est revenu aux commandes en Guadeloupe face au Canada, en mars 2016. Lors de la demi-finale à Zadar (Croatie), cette même année, il avait été prié par le capitaine de déguerpir après son forfait de dernière minute.
« Depuis la Guadeloupe, c’est toujours un peu le même scénario. C’est-à-dire qu’il joue, puis quelques semaines avant [la Coupe Davis], il a un problème physique », ironisait Noah, en mars, au moment d’annoncer la composition de l’équipe qui s’apprêtait à affronter l’Italie en quarts.
Humbert, une percée à confirmer
Adrian Mannarino a franchi facilement le premier tour après sa victoire contre son jeune compatriote Ugo Humbert, lundi 29 octobre, à Bercy. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
La seule éclaircie de la saison est venue cet été d’Ugo Humbert, qui vient de franchir les portes du top 100 (92e la semaine dernière), lui qui était 378e en début de saison. Le Français de 20 ans s’est sorti des qualifications de l’US Open, a remporté son premier match en Grand Chelem dans le grand tableau, avant d’enchaîner deux finales dont une victoire en Challenger (la deuxième division du circuit).
Humbert devra compter sur un désistement de dernière minute pour participer, aux côtés de la relève du circuit – Denis Shapovalov, Stefanos Tsitsipas ou encore Alex de Minaur – au Masters de la Next Gen (moins de 21 ans), à Milan, du 6 au 10 novembre.
Lundi, au premier tour de Bercy, il n’a pas réussi à honorer son invitation pour le grand tableau, auteur de trop nombreuses fautes directes contre son compatriote Adrian Mannarino (4-6, 2-6). Ce dernier est, lui, toujours à la recherche de son premier titre sur le circuit, après avoir chuté en finale à Moscou il y a dix jours pour la… sixième fois de sa carrière.
La finale de Coupe Davis ? « Honnêtement, je ne me pose pas trop la question pour l’instant, répond Mannarino. Je pense être loin d’être le favori pour être sélectionné, sachant que ça se joue sur terre battue. Mais, même si ça ne se joue pas sur la même surface, si un joueur français joue très bien ici, il sera forcément en confiance. »
Yannick Noah, peu importe ses choix, va devoir redoubler de positivisme.