Chez Les Républicains, la jeune garde ne veut plus de la guerre des chefs
Chez Les Républicains, la jeune garde ne veut plus de la guerre des chefs
Par Olivier Faye
Des élus, députés ou maires, souhaitent éviter un nouvel affrontement comme a pu connaître le parti ces dernières années entre Juppé, Sarkozy, Copé et Fillon.
Ils appartiennent à cette génération pour qui l’élection de Jacques Chirac comme président de la République, en 1995, relève du souvenir d’enfance, et celle de Nicolas Sarkozy, en 2007, comme un bonheur lointain animant des années d’adolescence ou de jeune adulte. Ils ont connu deux défaites présidentielles, en 2012 et 2017, et deux autres, au même moment, aux élections législatives. De nombreux élus chez Les Républicains (LR), députés ou maires, trentenaires ou jeunes quadragénaires, ont principalement vu la droite s’agiter dans l’opposition au cours de leur engagement politique.
Lors du dernier quinquennat, les querelles intestines entre – au choix – Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé et François Fillon, ont abouti à la défaite de ce dernier dès le premier tour de la présidentielle en 2017. La jeune garde de LR entend tout faire, aujourd’hui, pour se prémunir d’une nouvelle guerre des chefs.
« Entre Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, il n’y a pas grand-chose de différent sur le fond, seulement des différences de posture. Cette génération ne sait pas s’entendre, ce sont les enfants gâtés de Sarkozy, observe, sévère, un jeune député qui monte chez LR. Nous n’accepterons pas d’être sacrifiés une seconde fois, d’être pris en otage par un conflit. Ils ont eu la chance de gouverner le pays, il faut qu’ils la rendent. Ne rentrons pas dans la droite des chapelles et des clubs. »
Les conditions d’un affrontement entre les trois anciens ministres – âgés de 43 ans, dans le cas de M. Wauquiez, de 51 ans, pour Mme Pécresse, et de 53 ans, pour M. Bertrand – sont pourtant déjà présentes. Le premier préside aux destinées de LR en laissant peu de place dans les instances à ses adversaires ; la présidente de la région Ile-de-France a, elle, décidé de lancer sa propre structure, Libres ! ; le président de la région Hauts-de-France, quant à lui, a tout bonnement claqué la porte du parti fin 2017. Dans une moindre mesure, le nom du président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau, 57 ans, qui a repris la direction du microparti filloniste Force républicaine, peut être ajouté à l’équation.
« Nous ne sommes plus dans le débat »
« L’hyperpersonnalisation des choses dans notre famille politique nous conduit à commettre pas mal d’erreurs », regrette Arnaud Viala, député de l’Aveyron. « Nous ne sommes plus dans le débat. Nous sommes devenus des structures qui réagissent à l’actualité. Il faut réinventer la droite », revendique pour sa part Julien Dive, député de l’Aisne.
Les deux parlementaires, qui ont respectivement 43 ans et 33 ans, appartiennent à une équipe de députés surnommée « les joggeurs ». Ce groupe informel entend renouveler la droite par les idées sans s’impliquer dans ces querelles personnelles.
« Pécresse comme Wauquiez ont du mal à sortir du côté club de supporteurs, c’est fatigant. On ne peut plus réfléchir, c’est insupportable », souffle un élu. Nombre d’entre eux regrettent que le shadow cabinet (un contre-gouvernement) promis par Laurent Wauquiez, en janvier, n’ait toujours pas vu le jour. Une manière de les conduire malgré eux à travailler en dehors des structures partisanes.