Le parquet de Bobigny a annoncé au Monde avoir ouvert une enquête préliminaire lundi 29 octobre après avoir reçu une plainte pour injures antisémites d’une étudiante en médecine de l’université Paris-XIII. Selon des informations révélées par Europe 1, la femme de 20 ans raconte avoir fait l’objet de harcèlement à caractère antisémite de la part d’un groupe d’élèves de l’université, notamment dans le cadre de la préparation du week-end d’intégration de la fac de médecine.

« On est passé des blagues sur la Shoah à des saluts hitlériens, puis on invente un jeu qui s’appelle le “freespa”, le lancer de kippa qu’on jette par terre », raconte-t-elle au micro d’Europe 1. « Mais vous, les juifs, vous n’avez pas d’humour, c’est du second degré, on le fait pour tout le monde », lui répondent des étudiants quand elle leur demande de cesser leurs remarques antisémites.

L’étudiante a ainsi déposé plainte le 20 octobre dans un commissariat du Val-d’Oise, « pour que ce soit entendu, pour moi, mais aussi pour les personnes qui avaient peur de le dénoncer et pour ceux peut-être qui en ont ri, par besoin d’intégration ou en n’ayant pas compris la gravité des propos ». Toujours selon Europe 1, l’étudiante a joint à sa plainte les captures d’écran d’une conversation Facebook d’étudiants de sa promotion dans laquelle certains « classent les juifs de la promotion avec un chiffre et un commentaire ».

Frédérique Vidal dénonce des faits « inacceptables »

La présidence de l’université a annoncé avoir reçu la jeune femme ainsi que les étudiants mis en cause. « Le président [de l’université] a saisi la commission disciplinaire ainsi que le procureur de la République », ajoute l’université. Le parquet de Bobigny a pour sa part confié l’enquête préliminaire à la sûreté départementale de Seine-Saint-Denis.

Ces faits « sont profondément inacceptables », a réagi la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, dans un communiqué publié lundi matin. « Au surlendemain de l’attaque antisémite de Pittsburgh aux Etats-Unis, je veux rappeler que les mots aussi peuvent tuer et que les injures et les gestes déplacés ont toujours été les prémices de violences plus grandes encore ». Saluant « le fait que l’université Paris-XIII ait pris les décisions qui s’imposaient dès que les faits ont été connus », la ministre ajoute qu’elle recevra dès lundi le président de l’université « afin de faire le point avec lui sur les dispositifs de prévention mis en place dans son établissement et sur les actions qui peuvent être immédiatement engagées pour mettre fin à ces dérives inacceptables ».

Il y a moins d’une semaine, Mme Vidal avait réuni plusieurs acteurs de la lutte contre le racisme à la suite de la multiplication des tags, graffitis et expressions antisémites dans plusieurs établissements d’enseignement supérieur en 2018. En mars, un local de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) avait été saccagé sur le site de l’université de Tolbiac, à Paris. En septembre, des tags antisémites visaient le président de l’université Grenoble-Alpes ; en octobre, des inscriptions antisémites avaient été retrouvées dans une salle d’études d’une résidence étudiante à HEC ; enfin, la semaine dernière, des croix gammées ont été taguées à la faculté de droit Assas (Paris-II).

Un plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme présenté au printemps par le premier ministre, Edouard Philippe, prévoit le renforcement du réseau des référents racisme-antisémitisme dans les établissements d’enseignement supérieur. Selon le ministère de l’enseignement supérieur, un référent est désormais présent depuis la rentrée dans chaque université.