En Allemagne, le bal des prétendants à la présidence de la CDU
En Allemagne, le bal des prétendants à la présidence de la CDU
Par Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)
Alors qu’Angela Merkel quittera la tête de son parti en décembre et ne briguera pas un cinquième mandat en 2021, trois candidats à sa succession se sont déjà déclarés.
Angela Merkel, à Berlin, le 30 octobre. / HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS
A quoi ressemblera l’Union chrétienne démocrate (CDU) post-Merkel ? L’idée est presque vertigineuse, tant Angela Merkel a marqué la formation politique depuis 2000. Mais « Mutti » s’en va. Lundi 29 octobre, elle a annoncé son intention de ne pas se représenter à la présidence du parti. Le nom du président ou de la présidente qui sera élu(e) lors du congrès des 7 et 8 décembre en dira long sur la fidélité du parti à l’héritage Merkel. Trois candidats se sont déclarés pour l’instant : Annegret Kramp-Karrenbauer, Jens Spahn et Friedrich Merz.
Annegret Kramp-Karrenbauer, 56 ans, est secrétaire générale de la CDU depuis février 2018. Elle a été appelée à ce poste par Angela Merkel à la suite de sa campagne victorieuse aux élections régionales de sa région de Sarre en 2017. Elle est considérée comme celle qui a stoppé l’élan dont jouissait Martin Schulz, alors président fédéral du Parti social-démocrate (SPD).
Politiquement, elle est difficilement classable. Elle incarne la famille moderne : son mari a élevé leurs enfants pendant qu’elle poursuivait sa carrière politique. Mais elle a aussi montré des positions plus conservatrices en défendant le service obligatoire pour les jeunes ou en se montrant sceptique au sujet du mariage pour tous. Elle a soutenu Angela Merkel dans sa politique à l’égard des réfugiés et entretient une relation étroite avec elle. Elle serait la candidate de la continuité.
Critiques répétées
A 38 ans, Jens Spahn est un des jeunes loups de la CDU. Devenu député à 22 ans après une formation de banquier, il a fait ses premières armes au ministère des finances, sous la protection de Wolfgang Schäuble. Il a épousé son compagnon fin 2017 tout en se déclarant catholique. Il s’est illustré depuis deux ans par ses critiques répétées à l’encontre d’Angela Merkel. Dans l’espoir de le discipliner, la chancelière a décidé cette année de faire entrer le jeune ambitieux au gouvernement, comme ministre de la santé. Peine perdue : il continue à défendre un « changement de cours » à la CDU et un tournant conservateur.
Le troisième candidat, Friedrich Merz, 62 ans, est un ancien rival d’Angela Merkel. Député de 1994 à 2009, il a été président du groupe parlementaire CDU/CSU entre 2000 et 2002… jusqu’à ce qu’Angela Merkel interrompe cette ascension et revendique pour elle-même le poste de président du groupe parlementaire. Humilié, il démissionne en 2004. Il se retire ensuite de la vie politique pour poursuivre sa carrière d’avocat d’affaires. Il siège dans plusieurs conseils de surveillance de grands groupes. Il incarne une CDU libérale économiquement et conservatrice sur les valeurs. Son élection serait un retour à l’époque pré-Merkel.