C’est un vaste pays d’Asie centrale, riche en hydrocarbures et dont le président est en poste depuis près de trente ans, où les libertés publiques sont systématiquement bridées et où la torture en prison est chose courante d’après les organisations des droits de l’homme. Le Kazakhstan de l’autocrate Noursoultan Nazarbaïev, ancienne république soviétique ayant accédé à l’indépendance à la chute de l’URSS en 1991, dispose d’un arsenal répressif de plus en plus sophistiqué et qui vient tout juste de s’enrichir d’un nouvel outil. Une loi votée dimanche 28 octobre permet désormais aux autorités kazakhes de couper toutes les communications sur l’ensemble du territoire dans l’éventualité d’une « situation d’urgence à caractère social ». En clair, le pouvoir s’est offert les moyens de plonger tout le pays dans le silence en cas de contestation.

Ce nouveau durcissement de l’emprise qu’exercent les autorités du Kazakhstan sur une société aux libertés sans cesse rognées intervient au moment où la question de la succession de M. Nazarbaïev, 78 ans, se pose d’une manière de plus en plus pressante. Depuis le mois de mai, une loi lui permet de continuer à régner sur le pays, même s’il devait quitter son poste officiel de président à la fin de son mandat actuel, en 2020. La loi accorde en effet un statut constitutionnel au conseil de sécurité du Kazakhstan, dont les recommandations étaient auparavant uniquement consultatives, et autorise M. Nazarbaïev à le diriger jusqu’à sa mort. L’homme fort des steppes kazakhes est aussi officiellement détenteur du titre de « père de la nation », qui lui garantit une immunité judiciaire ainsi qu’un rôle influent s’il finissait par quitter la présidence.