Le chef rebelle et ancien vice-président sud-soudanais Riek Machar arrive avec son épouse à l’aéroport de Juba, le 31 octobre 2018, après plus de deux ans d’absence. / SAMIR BOL / REUTERS

Le chef rebelle sud-soudanais Riek Machar est arrivé à Juba, mercredi 31 octobre au matin, après plus de deux ans d’absence, pour participer à une cérémonie célébrant la signature d’un nouvel accord de paix, dont la mise en œuvre se fait à pas comptés.

Le chef du Mouvement populaire de libération du Soudan - en opposition (SPLM-IO) doit, selon les termes de cet accord, retrouver son ancien poste de vice-président. Il n’avait plus remis les pieds dans la capitale depuis qu’il avait dû la fuir précipitamment en juillet 2016 après des combats meurtriers entre ses hommes et les forces gouvernementales.

M. Machar est arrivé vers 9 h 30 (heure locale, soit 6 h 30 en temps universel) en provenance de Khartoum à l’aéroport de Juba, où l’attendait le président Salva Kiir.

Chefs d’Etat de la région

Sous la pression internationale, les deux rivaux avaient signé le 12 septembre à Addis-Abeba un accord de paix censé mettre fin à près de cinq années d’une guerre civile dévastatrice pour le plus jeune pays du monde. A la faveur de cette signature, il avait été convenu d’organiser à Juba une cérémonie pour la paix, en présence des chefs d’Etat de la région.

Le président soudanais, Omar Al-Bachir, son homologue somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed, et la nouvelle présidente éthiopienne, Sahle-Work Zewde, ont ainsi gagné Juba mercredi matin. Le chef de l’Etat ougandais, Yoweri Museveni, y était également attendu. La cérémonie doit se dérouler au mausolée de John Garang, héros de la guerre d’indépendance contre le Soudan. Plusieurs milliers de personnes y étaient rassemblées mercredi matin.

On ignorait mercredi matin si Riek Machar resterait à Juba au-delà de cet événement. Son entourage avait fait part mardi à l’AFP de ses craintes concernant sa sécurité. « Mais la vérité est là : nous sommes pour la paix et ce que nous essayons de faire, c’est de bâtir la confiance », avait ajouté Lam Paul Gabriel, l’un des porte-parole du chef rebelle, précisant que celui-ci voyagerait avec une trentaine d’hommes politiques du SPLM-IO et sans soldats.

En juillet 2016, de violents combats avaient éclaté entre les forces gouvernementales et les troupes rebelles stationnées dans la capitale pour la protection de Riek Machar, faisant plusieurs centaines de morts. La plus grande confusion avait régné dans la ville pendant des jours, au cours desquels la résidence du chef du SPLM-IO avait été bombardée. Celui-ci avait alors pris la fuite, gagnant la République démocratique du Congo voisine au terme d’une longue marche à pied dans la brousse, avant de s’exiler finalement en Afrique du Sud.

Retards d’application

Le nouvel accord de paix laisse sceptiques de nombreux observateurs, qui soulignent que faire travailler ensemble M. Kiir et M. Machar ne sera pas une mince affaire, leur coopération ayant toujours dans le passé abouti au chaos et au conflit. De fait, son application connaît des retards sur des points importants, comme la réactivation d’une commission conjointe sur les frontières et le nombre des Etats régionaux – un des points de contentieux entre pouvoir et opposition – ainsi que de celle chargée d’évaluer la mise en œuvre de l’accord.

Des combats ont également été rapportés dans la région de Yei (sud) et dans l’Etat pétrolier du Nil Supérieur, alors que les belligérants ont décrété un cessez-le-feu fin juin.

Deux ans et demi à peine après son indépendance, le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013, lorsque le président Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ancien vice-président, issu de la communauté nuer, de fomenter un coup d’Etat. Le conflit, marqué par des atrocités à caractère ethnique, a fait plus de 380 000 morts selon une étude récente, et poussé plus de 4 millions de Sud-Soudanais, soit près d’un tiers de la population, à fuir leur foyer.