Football Leaks : le PSG aurait usé d’un « dopage financier » avec l’aide de l’UEFA
Football Leaks : le PSG aurait usé d’un « dopage financier » avec l’aide de l’UEFA
Le Monde.fr avec AFP
Le club parisien aurait gonflé ses revenus grâce à des contrats de sponsoring fictifs, et l’UEFA aurait couvert les faits pour des « raisons politiques », selon des documents obtenus par « Der Spiegel » et analysés par « Mediapart ».
Le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi avec Neymar, en 2017. / Kamil Zihnioglu / AP
Le PSG, détenu par un fonds souverain qatari, aurait eu recours à « un dopage financier » d’envergure pour gonfler ses revenus grâce à des « contrats fictifs », « sous couvert de l’UEFA », l’instance censée réguler ses dépenses via le fair-play financier, selon les révélations des « Football Leaks » parues vendredi 2 novembre.
A partir des millions de documents obtenus par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et analysés par ses partenaires du réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC), le site français Mediapart affirme que le PSG et Manchester City, clubs contrôlés respectivement par le Qatar et les Emirats arabes unis, auraient injecté « la somme de 4,5 milliards d’euros » (2,7 milliards pour City, 1,8 milliard pour le PSG) au cours des sept dernières années, « essentiellement de manière frauduleuse », pour accroître leurs budgets et s’offrir ainsi les meilleurs joueurs du monde.
Contrats fictifs de sponsoring
Une manœuvre réalisée en dehors des règles édictées par le fair-play financier de l’UEFA, qui interdit aux clubs engagés dans les compétitions européennes (Ligue des champions, Ligue Europa) de dépenser plus d’argent qu’ils n’en génèrent par leur activité propre, sous peine de sanctions allant de la simple amende à l’exclusion de la Ligue des champions. Dans le cas du PSG, le montage aurait été rendu possible grâce à l’octroi de « contrats fictifs de sponsoring » passés avec des institutions directement liées à l’Etat du Qatar, à l’image des 1,075 milliard d’euros promis sur cinq ans par l’office du tourisme du Qatar (QTA), soit 215 millions d’euros par an en moyenne.
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L’enquête révèle que deux cabinets d’audit missionnés par l’UEFA, les agences Repucom et Octagon, auraient valorisé ce contrat respectivement « à 123 000 euros par an pour l’un, et 2,8 millions d’euros par an pour l’autre, soit entre 77 et 1 750 fois moins que le montant affiché ». Mais alors que le club parisien était sous le coup de sanctions, l’UEFA, et ses deux patrons de l’époque, Michel Platini et Gianni Infantino, devenu le nouveau président de la FIFA, auraient « couvert les faits » pour des « raisons politiques », comme en atteste un document rédigé par le directeur juridique de l’UEFA.
Exclure le PSG ? Pas bon pour le business
Selon lui, exclure de la Ligue des champions « certains des plus gros clubs et des plus grands joueurs du monde » ne serait pas bon pour le business :
« Il faut être raisonnable et essayer de trouver des solutions qui ne nuisent pas à la qualité [de la compétition]. Et il faut raisonnablement reconnaître à qui on a affaire. On parle de clubs [PSG et Manchester City] détenus par des Etats-nations, qui ne sont pas habitués à changer leur façon de faire du business pour respecter les règles d’une organisation de football comme l’UEFA. »
En 2014, le PSG n’avait finalement reçu que 60 millions d’euros d’amende, et deux ans de restrictions financières (plafonnement de la masse salariale, limitation du nombre de joueurs…). Depuis les arrivées spectaculaires de Neymar et Kylian Mbappé contre plus de 400 millions d’euros à l’été 2017, le PSG fait de nouveau l’objet d’une enquête de l’UEFA, sous la pression de plusieurs places fortes du football européen.
L’enquête de l’ICFC, l’instance chargée du contrôle financier des clubs de l’UEFA, avait dans un premier temps été close en juin, avant d’être rouverte un mois plus tard. Sa chambre de jugement a décidé de « renvoyer le cas devant la chambre d’instruction de l’ICFC pour un examen plus approfondi », selon un communiqué publié fin septembre par l’instance européenne.