Le prix Femina attribué au roman « Le lambeau » de Philippe Lançon
Le prix Femina attribué au roman « Le lambeau » de Philippe Lançon
Par Jean Birnbaum
« Le Lambeau » revient sur l’attentat de « Charlie Hebdo » et raconte la lente reconstruction de Philippe Lançon après sa grave blessure au visage.
Le prix Femina a été attribué au roman Le lambeau de Philippe Lançon (Gallimard), lundi 5 novembre. A partir du moment où les jurées avaient placé cet ouvrage, sans aucun doute le texte le plus remarqué et célébré de l’année, dans leur dernière sélection, et sachant que le calendrier fait cette année du Femina le premier des grands prix littéraires attribués (deux jours avant le Renaudot, qui le comptait aussi parmi ses finalistes), il semblait peu probable que Le lambeau ne soit pas le lauréat.
C’est un grand texte qui se voit ainsi couronné. Un livre magistral, revenu d’entre les morts. Publié au printemps, un peu plus de trois ans après l’attentat de Charlie Hebdo où Philippe Lançon a été défiguré, la mâchoire emportée par une balle, Le lambeau raconte comment « celui qui n’était pas tout à fait mort » doit cohabiter avec « celui qui allait devoir survivre ».
Un brûlant journal de deuil
Tentant de maintenir un lien avec le monde de vivants, décrivant cette béance, tout en racontant son parcours médical vers la reconstruction, Lançon hisse chaque évocation intime au niveau d’une méditation universelle sur notre temps, nos aveuglements : sa plume nous en met plein la gueule ; son visage défait exhibe tout ce que nous ne voulons pas regarder en face ; sa lucidité est une fidélité à l’enfant qu’il fut ; ses souvenirs d’enfance ressemblent déjà à nos souvenirs de guerre. C’est ce brûlant journal de deuil que les jurées du Femina ont récompensé.
Les autres romans en lice pour le Femina étaient Arcadie, d’Emmanuelle Bayamack-Tam (P.O.L), Trois enfants du tumulte, d’Yves Bichet (Mercure de France), Frère d’âme, de David Diop (Seuil), François, portrait d’un absent, de Michaël Ferrier (Gallimard), Idiotie, de Pierre Guyotat (Grasset) et Roissy, de Tiffany Tavernier (Sabine Wespieser).
Pierre Guyotat a reçu un prix Femina spécial pour l’ensemble de son œuvre. Le Femina étranger a été attribué pour sa part à La neuvième heure, d’Alice Mc Dermott (Quai Voltaire), traduit par Cécile Arnaud, et le Femina essai à Gaspard de la nuit, d’Elisabeth de Fontenay (Stock).