Le XV de France après sa défaite in extremis contre l’Afrique du Sud, à Saint-Denis, samedi 10 novembre. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Tout est mal qui finit mal. Formulation abrupte, comme peut l’être une défaite du XV de France. Cruelle, comme le scénario de ce samedi 10 novembre à Saint-Denis : un test-match perdu (29-26) dans les ultimes secondes contre l’Afrique du Sud après avoir mené presque de bout en bout, pour commencer cette tournée d’automne. Un de plus que la France pensait gagner et qu’elle finit par perdre.

A moins d’un an du Mondial 2019, comment expliquer cette victoire devenue défaite ? Ce ballon mal conservé qui se transforme, de l’autre côté du terrain, en essai sud-africain de la victoire (80e minute + 5) ? Cette maladresse de Sébastien Vahaamahina (44e) qui donne déjà un premier essai, sur un renvoi ? Cette occasion de Teddy Thomas (35e) bazardée en solo, malgré la présence d’un Maxime Médard, très en jambes, et d’un Baptiste Serin ?

« Il nous manque un petit peu de maîtrise, un petit peu de lucidité », généralise le sélectionneur, Jacques Brunel. Ce soir, sa conférence de presse a duré moins de dix minutes. Peu de questions, et encore moins de sourires pour Guilhem Guirado, juste à côté. Auteur du premier essai français (37e), le capitaine parle d’un groupe « meurtri et très déçu ». « On a le match en main et on le laisse s’échapper… J’espère que ça nous servira de leçon. »

Le talonneur espérait déjà en février, au début du Tournoi des six nations. Défaite contre l’Irlande (15-13), sur un drop de dernière instance. Idem contre l’Ecosse (32-26), après avoir mené au score jusqu’à l’heure de jeu et trois dernières pénalités.

En juin aussi, le XV de France a connu des baisses de régime. Encore plus impressionnantes, forcément, car subies chez les Néo-Zélandais. Pour son premier match, la France menait 11-8 à la mi-temps face aux doubles champions du monde en titre. Quarante minutes plus tard, elle quittait le terrain sans avoir inscrit le moindre point en seconde période : défaite 52-11, huit essais à un sur l’ensemble du match.

« On a bousculé ces Springboks »

Et on pourrait encore continuer à disserter. Le quotidien L’Equipe, par exemple, a calculé le nombre de points marqués et encaissés sur les huit premiers matchs de l’année 2018 (tous, sauf celui de samedi). En résumé : plus le match avance, plus le XV de France recule. Au cumul des matchs, il accuse un retard de 19 points par rapport à ses adversaires à l’issue de la première période, et de 56 points sur l’ensemble de la seconde période.

Usure mentale ? Physique ? Jean-Baptiste Elissalde attend surtout davantage de « concentration, chaque minute, chaque jour, à l’entraînement aussi. » Ce genre de « petits trucs » qui différencient « les très grandes équipes et nous aujourd’hui. »

En 2018, le bilan commence à accumuler beaucoup de « petits trucs » défavorables : seulement deux victoires, contre l’Italie et l’Angleterre ; et déjà sept défaites, donc cinq consécutives, depuis la prise de fonction de Jacques Brunel. « Cette équipe a besoin de gagner pour se refaire, estime Elissalde. Malheureusement, tous ces scénarios font qu’on manque cruellement de confiance pour être solide dans les moments où il faut avoir la tête froide, où il faut cacherle ballon pendant trente secondes. »

D’autant plus frustrant que ces Français ont longtemps semblé dans le coup contre les Springboks, pourtant récents tombeurs de la Nouvelle-Zélande. Une sélection française en progrès, que Jacques Brunel a trouvée « généreuse, entreprenante, à l’égal d’une des Springboks et de leur équipe, une des meilleures au monde. » Même constat, même regret de Guilhem Guirado : « On a bousculé ces Sud-Africains réputés être des déménageurs, on est bien entré dans ce match et on s’est donné les moyens de le gagner. » Jusque dans le temps additionnel. Prochaines tentatives contre l’Argentine, à Villeneuve-d’Ascq (Nord), samedi 17 novembre, puis contre les Fidji, de nouveau à Saint-Denis, le 24.