Au Maroc, ouverture du procès en appel des détenus du Hirak
Au Maroc, ouverture du procès en appel des détenus du Hirak
Le Monde.fr avec AFP
Cinquante-trois membres du mouvement de protestation du Rif avaient été condamnés à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison le 27 juin.
Manifestation à Rabat, la capitale marocaine, le 15 juillet 2018 contre l’emprisonnement de militants du mouvement Hirak. / FADEL SENNA / AFP
Le procès en appel de Nasser Zefzafi et de ses compagnons du mouvement de protestation du Hirak (« la mouvance ») ayant agité le nord du Maroc en 2016-2017 a débuté mercredi 14 novembre à Casablanca, cinq mois après leur condamnation à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison. « Je jure de ne pas trahir le Hirak, vive la patrie », ont scandé les accusés et leurs familles pendant la première audience devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca.
Quelque 53 membres du mouvement avaient été condamnés ensemble en juin à Casablanca au terme d’un procès-fleuve très observé par les médias et les défenseurs des droits de l’homme. Onze d’entre eux ont été graciés fin août par le roi Mohammed VI, en même temps que 177 autres personnes liées au mouvement et condamnées par d’autres tribunaux.
Mercredi, 42 prévenus ont été appelés tour à tour devant les juges. Tous avaient été arrêtés dans la province d’Al-Hoceima (nord), épicentre du Hirak, entre mai et juin 2017, et transférés à Casablanca où ils sont incarcérés. Le leader du mouvement Nasser Zefzafi et trois de ses compagnons ont été condamnés à vingt ans de prison ferme pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat ».
La sévérité du verdict avait suscité des réactions d’incompréhension et d’indignation dans le royaume, ainsi que des manifestations appelant à leur amnistie ou à leur libération. Me Mohamed Aït Bennacer, un de leurs avocats, a dit mercredi à l’AFP être « pessimiste » sur la procédure d’appel, en regrettant « l’absence de signaux positifs ».
« Garantir un procès équitable »
Me Mohamed Karout, l’un des avocats des parties civiles qui représentent l’Etat, a pour sa part justifié les peines prononcées en première instance par « les dégâts matériels et les blessés chez les forces publiques » pendant les manifestations.
A l’ouverture du procès en appel, un des militants, condamné à trois ans de prison ferme, a demandé au président de la cour de lui « garantir un procès équitable », tout en rejetant les « accusations de séparatisme » qui ont par ailleurs motivé les peines. La protestation populaire a été déclenchée par la mort, en octobre 2016, d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordure en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise, de l’espadon interdit à la pêche.
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