Rugby : le XV de France retrouve le plaisir de gagner
Rugby : le XV de France retrouve le plaisir de gagner
Par Adrien Pécout (Villeneuve-d'Ascq, Nord, envoyé spécial)
Après cinq défaites consécutives, les Bleus ont renoué avec la victoire samedi contre l’Argentine. L’un de leur futur adversaire à la Coupe du monde 2019, dans moins d’un an.
Gael Fickou (à droite) et Teddy Thomas, à Villeneuve-d’Ascq, samedi 17 novembre / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
C’est le genre de soir qui redonne le sourire. Comme Dany Priso faisant mine de filmer au téléphone portable son coéquipier Gaël Fickou avec les journalistes, le match terminé. Le XV de France termine son excursion au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq (Nord) dans la bonne humeur, et avec une victoire acquise en test-match contre l’Argentine (28-13, trois essais à un), samedi 17 novembre.
Pensez : sa première victoire depuis cinq défaites, huit mois et tant d’atermoiements. « Une belle victoire », selon Fickou. Parce que la France « y a mis la manière », parce qu’elle « a produit du jeu ». Bref, « on a pris énormément de plaisir », résume le trois-quarts centre, qui a enfin joué à son poste favori plutôt qu’ailier.
Ça, il a joué ! Des courses, des accélérations et ce sens du déséquilibre qui font de lui ce joueur rare, mais rarement régulier en équipe de France, aussi. Exemple ultime, cette accélération, ces trois Argentins dans le vent, puis cette passe longue distance, une vingtaine de mètres sur sa droite, pour un Teddy Thomas qui avait déjà le sourire avant même de plonger par-delà la ligne d’en-but (48e minute, 18-13). Son deuxième essai de la soirée.
« Le taf a été validé »
Sûr que les deux ont passé un meilleur samedi que celui de la semaine derrière, face à une sélection d’Afrique du Sud qui avait attendu la toute fin de match pour passer devant et gagner (29-26). Ce soir-là, Fickou avait commencé dans le survêtement du remplaçant. Et Thomas avait surtout fait causer pour une occasion d’essai massacrée, oblitérant ses partenaires au moment de négocier un trois contre un.
Face à des Argentins à la mêlée surprenamment vacillante, l’ailier Yoann Huget confie son « soulagement ». « La semaine dernière, on a fait le taf, mais ça n’a pas été validé : il nous manquait juste la victoire. Là, on a fait le taf et ça été validé. » Avec en prime, insiste-t-il, une impression de « cohésion, de liant, entre les trois-quarts et les avants. »
Cette semaine, Guilhem Guirado a vite « demandé aux joueurs de ne plus parler » de la défaite in extremis devant les Boks sud-africains. Contre l’Argentine, après un nouvel essai, le talonneur et capitaine retient surtout « l’état d’esprit du groupe qui aurait pu se démobiliser après un début de match catastrophique. »
Cette deuxième minute, plus précisément : blessure de Maxime Médard (sorti sur commotion, remplacé par un bon Benjamin Fall), puis essai des Pumas argentins sur la même action.
Futur adversaire du Mondial
Qu’importe. Les spectateurs nordistes ont repris chants, olas et coups de klaxon. Y compris en fin de première période, quand Baptiste Serin aurait préféré le silence pour taper sa pénalité (finalement réussie). C’est aussi à ça que se mesure l’enthousiasme - la candeur - d’un public qui attendait seulement son deuxième match du XV de France au stade Pierre-Mauroy. Le premier datait de 2012, déjà pour une victoire sur les Pumas.
Guirado a apprécié l’ambiance, « beaucoup plus forte » que celle d’il y a une semaine dans un Stade de France dépeuplé. Les Bleus reviendront pourtant dans une semaine sur la pelouse de Saint-Denis, samedi 24 novembre, pour leur troisième et dernier match de novembre : rendez-vous contre les Fidji devant des tribunes prévues à moitié vides.
S’« il y a encore plein de choses à améliorer » dans la gestion des temps forts et la conservation du ballon, le sélectionneur Jacques Brunel pourra déjà s’appuyer sur une charnière qui a donné satisfaction : Camille Lopez ouvreur, Baptiste Serin demi de mêlée (en l’absence de Morgan Parra, blessé à un poignet). « J’espère qu’on sera nombreux de ce groupe-là à continuer à travailler ensemble », élargit Lopez.
Avec cette première victoire depuis mars, et donc un peu de répit : « Ca change tout, sincèrement, tranche Fickou. Quand on se lèvera le matin, déjà, on aura le sourire. » Et peut-être même, qui sait, une petite pensée pour le 21 septembre 2019 : dans moins d’un an, à Tokyo, le XV de France disputera son premier du Mondial japonais. Contre l’Argentine.