« The Deuce » : une plongée ennuyeuse dans le porno des années 1970
« The Deuce » : une plongée ennuyeuse dans le porno des années 1970
Par Renaud Machart
Après une première saison poussive, la série créée par David Simon et George Pelecanos rate de nouveau le coche.
David Simon et George Pelecanos ne sont pas précisément des demi-portions : l’ancien journaliste et l’auteur de polars ont collaboré à l’une des séries les plus mythiques, The Wire (Sur écoute, 2002-2008). Aussi espérait-on, avec The Deuce, qu’ils renouvellent, sinon le succès de The Wire, du moins le traitement d’un sujet titillant : l’avènement public du cinéma pornographique dans les années 1970-1980.
La première saison se concentrait sur la rue new-yorkaise, ses prostituées et ses maquereaux, dont certains, comme Candy (sur le trottoir)/Eileen (dans la vie), passaient du bitume aux premiers « studios », plutôt miteux, où se tournent les premiers films en super-8.
Cinq ans plus tard, la saison 2 montre Eileen reconnue pour la réalisation de films à prétention artistique, dotés d’un scénario et de scènes de comédie. Ce qui fait penser au bon mot de l’écrivain et compositeur Ned Rorem, selon qui, dans Deep Throat (1972), le premier film pornographique à gagner un très large public, « les scènes de sexe ralentissaient l’action »…
La 42e Rue reconstituée
On sait que prostitution, mafia, trafics, crime et production pornographique étaient intimement liés. Mais, à voir ces éléments suivis à parts presque égales dans The Deuce, on finit parfois par perdre le fil conducteur. On avait décelé, au cours de la saison 1, un ralentissement du récit. Malheureusement, en dépit des qualités des deux acteurs principaux (James Franco, qui joue d’ailleurs, sans en faire un numéro, des frères jumeaux ; Maggie Gyllenhaal, sublime dans l’incarnation toute de flegme et d’érotisme las de Candy/Eileen), l’ennui s’installe.
De sorte qu’on finit par ne voir, dans cette série sans véritable nerf dramatique, que la précision virtuose de la documentation historique et d’une direction artistique qui a reconstitué de manière étonnante le quartier de la 42e Rue des années 1970 (surnommée alors « Forty Deuce » ou « The Deuce »). HBO a confirmé que The Deuce connaîtrait une troisième et dernière saison. Ce qui donnera au moins à la série un but à atteindre, un point final, quand, jusqu’à maintenant, elle pratiquait trop, mais sans suspense, les points de suspension.
The Deuce, saison 2. Avec Maggie Gyllenhaal, James Franco, Gary Carr, Gbenga Akinnagbe (EU, 2018, 9 × 60 min). www.ocs.fr/serie/the_deuce