Brexit : Theresa May, qui rencontrera Juncker mercredi, bataille pour convaincre sa majorité
Brexit : Theresa May, qui rencontrera Juncker mercredi, bataille pour convaincre sa majorité
Confrontée à l’intransigeance de son allié nord-irlandais DUP et à une fronde interne, Theresa May obtient le soutien implicite du gouverneur de la Banque d’Angleterre au projet d’accord sur le Brexit.
Theresa May, la première ministre britannique, lors d’une conférence à Londres, le 19 novembre 2018. / KIRSTY WIGGLESWORT / AP
Theresa May doit se rendre à Bruxelles, mercredi 21 novembre, pour rencontrer le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avant le sommet européen prévu le 25 novembre qui doit entériner le projet d’accord sur le Brexit. Les discussions porteront sur la « relation future » du Royaume-Uni et de l’Union européenne (UE).
Sur le plan intérieur, la première ministre britannique continue de batailler pour convaincre sa majorité qu’elle a obtenu le meilleur accord de divorce possible avec l’UE. Elle devait réunir mardi son gouvernement, remanié après la démission de cinq ministres et secrétaires d’Etat le 15 novembre.
Opposition du parti nord-irlandais DUP
Theresa May fait toujours face à l’opposition de son allié nord-irlandais du Parti unioniste démocrate (DUP, Democratic Unionist Party). Or, sans les dix députés du DUP avec qui elle a passé un accord, la première ministre ne peut réunir une majorité. Lundi, ils se sont abstenus de voter trois amendements au projet de loi de finances.
Ils se sont même joints à l’opposition sur un autre vote, afin d’envoyer un « message politique » en forme d’avertissement au gouvernement. Pour le porte-parole du DUP, Sammy Wilson, l’accord sur le Brexit viole la garantie « fondamentale » que l’Irlande du Nord ne disposera pas d’un régime différent du reste du Royaume-Uni.
Le point qui oppose le gouvernement et le DUP réside dans le backstop, ou filet de sécurité. Cette mesure prévoit le maintien de l’ensemble du Royaume-Uni dans une union douanière avec l’Union européenne (UE), pour éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord si aucun accord sur la future relation entre Bruxelles et Londres n’était conclu à l’issue d’une période de transition de vingt et un mois après le Brexit.
Mais cette solution prévoit un alignement réglementaire plus poussé pour l’Irlande du Nord. « Il y a potentiellement une différence réglementaire sous le régime du backstop », a reconnu mardi sur la BBC le ministre de la justice, David Gauke. « Mais il n’y a pas de différence sur les douanes, et ceci aurait pu être quelque chose de vraiment problématique », a-t-il ajouté.
Essoufflement de la fronde interne
La tension semble être redescendue d’un cran au sein du Parti conservateur, la formation de Theresa May. Le groupe European Research Group, emmené par l’eurosceptique Jacob Rees-Mogg qui a vilipendé le projet d’accord, assurait la semaine dernière pouvoir réunir 48 députés pour exiger la tenue d’un vote de confiance contre la cheffe du gouvernement. Mais ce nombre ne semble pas avoir été atteint : seule une vingtaine de députés se sont publiquement exprimés en ce sens.
L’ancien ministre des affaires étrangères conservateur William Hague a mis en garde sa famille politique contre le risque d’une « crise encore plus grande » si Theresa May devait être renversée. « Les alternatives crédibles à l’accord proposé par la première ministre pour le Brexit sont rares », écrit-il mardi dans le quotidien The Telegraph.
L’incertitude demeure néanmoins quant à la capacité du gouvernement à obtenir le soutien du Parlement lorsque le projet d’accord lui sera soumis, en décembre, en raison des divisions des tories et de l’opposition affichée du DUP, du Parti travailliste, du Parti national écossais (SNP, Scottish National Party) et des libéraux-démocrates.
Soutien du gouverneur de la Banque d’Angleterre
Le projet d’accord sur le Brexit obtenu par le Royaume-Uni est de nature à soutenir l’économie du Royaume-Uni, a estimé mardi le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney.
Devant la commission du Trésor du Parlement britannique, le banquier central a en particulier salué la bonne nouvelle que constituent « les dispositions sur la transition dans l’accord de retrait » et dit « prendre note de la possibilité d’extension » de cette période de statu quo après le Brexit prévu à la fin de mars 2019 afin de préparer la future relation.
La Banque d’Angleterre (BoE, Bank of England) doit dévoiler en détail mercredi 28 novembre l’impact économique et financier du projet de Theresa May, ainsi que celui d’un Brexit sans accord, un scénario « peu probable » mais qui constituerait, s’il advenait, « un choc » nuisible à l’économie. La banque centrale britannique a par ailleurs expliqué que sa politique monétaire pourrait évoluer dans n’importe quelle direction, ce qui suggère une baisse de taux en cas de « Brexit dur », ou au contraire un resserrement monétaire progressif en cas de sortie de l’Union européenne en douceur.