« La lettre de l’UE est arrivée ? J’attends aussi celle du Père Noël », a ironisé le vice-premier ministre italien Matteo Salvini. Photo prise lors d’une conférence de presse le 8 octobre 2018 à Rome, en Italie. / Max Rossi / REUTERS

« L’ouverture d’une “procédure de déficit excessif” fondée sur la dette est justifiée » contre l’Italie, a prévenu, mercredi 21 novembre, le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis. Bruxelles a de nouveau rejeté le projet de budget 2019 de la coalition populiste au pouvoir. Une telle procédure peut aboutir, à terme, à des sanctions financières.

« La lettre de l’UE est arrivée ? J’attends aussi celle du Père Noël », a ironisé le vice-premier ministre italien Matteo Salvini, leadeur de la Ligue (extrême droite), l’un des deux partis de la coalition avec le Mouvement 5 Etoiles (M5S). « Nous répondrons à l’UE poliment », a-t-il ajouté.

L’annonce de la Commission est loin d’être une surprise : Bruxelles a déjà rejeté fin octobre le projet de budget expansionniste de l’Italie, une première dans l’histoire de l’institution. Mais le pays a refusé de revoir sa copie, se lançant dans un bras de fer inédit avec l’UE.

« Dans une situation d’endettement très élevé, l’Italie prévoit essentiellement d’importants emprunts supplémentaires au lieu de la prudence budgétaire requise », a relevé M. Dombrovskis, soulignant « un risque que le pays s’enfonce aveuglément dans l’instabilité ».

Budget irréaliste

La Commission estime dans un rapport détaillé publié mercredi que le budget de Rome ne lui permettra pas de réduire cette énorme dette de 130 % du PIB. Le gouvernement italien prévoit un déficit public à 2,4 % du PIB en 2019, puis 2,1 % en 2020, des prévisions jugées irréalistes par la Commission : pour elle, le déficit atteindra 2,9 % du PIB en 2019, puis 3,1 % en 2020.

Des désaccords existent également sur le taux de croissance 2019, le gouvernement italien tablant sur 1,5 %, tandis que l’Institut italien des statistiques (Istat) prévoit 1,3 % et la Commission 1,2 %.

Bruxelles souligne notamment que le gouvernement italien « prévoit d’opérer une marche arrière importante sur les réformes structurelles propices à la croissance, en particulier les réformes mises en œuvre par le passé en matière de retraites ».

La publication de ce rapport constitue une première étape nécessaire vers le lancement d’une « procédure de déficit excessif », qui pourrait être effective en décembre ou janvier au terme d’un processus complexe nécessitant l’approbation des autres Etats membres.

Des sanctions financières correspondant à 0,2 % de son PIB, soit quelque 3,4 milliards d’euros, pourraient en théorie être prononcées l’été prochain. Mais aux yeux des analystes, de telles sanctions restent assez hypothétiques.

Seules de fortes tensions sur les marchés financiers pourraient amener le gouvernement italien à revoir son budget. Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, doit dîner samedi soir à Bruxelles avec le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.