Facebook a décliné à plusieurs reprises l’invitation de cette commission internationale sur les fausses informations. / SAUL LOEB / AFP

Royaume-Uni, Canada, Brésil, Australie, Irlande, Argentine, Lettonie, Singapour… Et maintenant la France et la Belgique. Lundi 26 novembre, la commission culture, éducation et communication du Sénat a rejoint la grande commission internationale réclamant une audition à Mark Zuckerberg, le patron de Facebook. Une parlementaire belge, Karine Lalieux, y participera également.

Une initiative rare : des parlementaires de ces dix pays se réuniront mardi 27 novembre à Londres, où ils ont invité, à plusieurs reprises, le fondateur de Facebook pour qu’il s’explique sur les problèmes liés aux contenus de désinformation circulant sur sa plateforme. La sénatrice Catherine Morin-Desailly, présidente de la commission culture au Sénat, participera à cette audition, a-t-elle indiqué au Monde.

Mais Facebook a déjà prévenu : en lieu et place de Mark Zuckerberg, l’entreprise enverra Richard Allan, un des responsables de la politique publique de Facebook. Mark Zuckerberg a en effet plusieurs fois décliné l’invitation : la première avait été envoyée le 30 octobre, et n’était alors signée que par les parlementaires britanniques et canadiens. Depuis, huit autres pays les ont rejoints. Dont la France et la Belgique, qui se sont déclarées tardivement, à la veille de l’audition.

« Les fake news sont une menace pour la démocratie »

Les parlementaires des pays concernées veulent que Facebook s’explique sur la question des fausses informations. Celles-ci ont notamment circulé massivement pendant la campagne présidentielle américaine de 2016, parfois à des fins de manipulation politique, et inquiètent les législateurs de différents pays. L’affaire Cambridge Analytica pourrait aussi donner lieu à plusieurs questions. Facebook est ainsi accusé d’avoir laissé cette entreprise spécialisée dans l’influence politique indirectement siphonner les données de 87 millions d’utilisateurs de Facebook.

En s’associant à cette commission internationale hors du commun, la commission culture du Sénat « rappelle ainsi son attachement à la défense des données personnelles et à la responsabilisation des plateformes dans la lutte contre la manipulation des opinions », peut-on lire dans un communiqué sur le site du Sénat. « Les fake news sont une menace pour la démocratie », souligne, dans ce même document, la sénatrice Catherine Morin-Desailly : « Il est donc légitime que Facebook rende compte aux représentants du peuple ». Et malgré les multiples refus de Mark Zuckerberg de se présenter devant cette commission internationale, le Sénat français réitère son souhait d’entendre, dans ce cadre, le patron de Facebook.

Adoption des propositions de loi en France

Avec plus de 2 milliards d’utilisateurs actifs, Facebook est le réseau social le plus populaire au monde. Devenu un important canal de diffusion de fausses informations, exploité à des fins de manipulation électorale, le réseau social est de plus en plus scruté par les Etats, dans le cadre, notamment, d’une volonté de lutter contre la désinformation en période électorale. Le Parlement français a ainsi adopté les propositions de loi contre la désinformation, mardi 20 novembre, obligeant notamment les plateformes comme Facebook à davantage de transparence sur les contenus diffusés de manière payante.

Pour Facebook, la pression s’est accentuée au printemps, avec le scandale Cambridge Analytica. Mark Zuckerberg avait fini par s’expliquer devant le Congrès des Etats-Unis en avril, au cours de deux éprouvantes audiences de plusieurs heures. Il avait également été entendu en mai par des parlementaires européens dans une audience d’une heure et demie seulement, essentiellement occupée par les questions des eurodéputés – un format contesté par plusieurs d’entre eux.